Avec une faible majorité de sièges à l'Assemblée nationale, Jean Charest ne pourra ignorer les propositions du Parti québécois, a affirmé Pauline Marois, hier. La chef péquiste a cependant promis de collaborer avec le gouvernement libéral pour accoucher d'un plan de relance économique.

«Il (M. Charest) devra faire la preuve que, s'il voulait avoir un mandat de la population, c'était vraiment sérieux pour agir sur l'économie», a affirmé Mme Marois en faisant le bilan de sa campagne.

 

Le PQ a déjoué les prévisions des sondeurs pour récolter 35% des suffrages, sept points de plus qu'aux élections de 2007. Avec 51 députés, le PQ formera aussi la plus forte opposition officielle depuis la Révolution tranquille.

«Ce n'est pas rien, 51 députés, a affirmé Pauline Marois. Ça nous donne de la force pour pouvoir défendre des points de vue, les faire entendre et amener le gouvernement à tenir compte de ce point de vue. Dans les faits, 35% de la population, c'est important dans notre démocratie.»

La chef du PQ s'est dite préoccupée par l'état de santé de l'économie, qui forcera le premier ministre élu à faire preuve de «prudence». Elle s'est engagée à soumettre de bonne foi ses propositions aux libéraux dans l'espoir d'empêcher les Québécois de subir les contrecoups du tumulte. Et elle n'entend pas perturber les travaux parlementaires, même si le gouvernement n'est qu'à trois sièges de perdre sa majorité.

«Je veux qu'on se préoccupe de la question économique, qu'on se préoccupe de l'emploi, qu'on se préoccupe de nos familles, a-t-elle affirmé. Ce qu'on va proposer va être responsable et raisonnable. Nous ne partons pas avec l'idée de déstabiliser le gouvernement.»

Taux de participation décevant

Mme Marois s'est dite «très déçue» du taux de participation aux élections de lundi, blâmant Jean Charest pour avoir déclenché des élections dont les Québécois ne voulaient pas. Un peu plus de 57% des électeurs ont exercé leur droit de vote, le plus bas score depuis 1927.

Plusieurs analystes prédisaient qu'un bas taux de participation favoriserait le Parti libéral, dont les supporteurs se rendent aux urnes avec plus d'assiduité. Voilà pourquoi la leader péquiste est d'autant plus ravie du résultat du vote, qui lui permet de retrouver son statut de chef de l'opposition officielle.

C'est la preuve, dit-elle, que le PQ a su rebondir après avoir subi sa pire dégelée en près de 40 ans aux élections de 2007. «Il a passé un mauvais moment, a relaté Mme Marois. Depuis quelques années, ce n'est pas seulement en 2007, on a vu notre vote stagner et, aussi, on sentait peut-être une moins grande ferveur. Et là, ce que l'on retrouve, c'est une ferveur, un renouvellement.»

Pauline Marois s'est dite déçue de la défaite de son député Daniel Turp. Celui-ci a été battu par Amir Khadir, qui deviendra le premier député de Québec solidaire à siéger à l'Assemblée nationale. La chef péquiste a toutefois bon espoir de travailler avec ce nouvel élu, puisqu'il est souverainiste.