C'est surtout l'intensité des flocons de neige qui faisait jaser les gens de la circonscription de Vanier, hier, à Québec. Mieux vaut ne pas imaginer quel aurait pu être le taux de participation aux élections si la tempête était survenue un jour plus tôt.

Depuis l'âge de 15 ans, André Hamel travaille dans un bureau de vote les jours de scrutin. Avant-hier, seulement 98 des 385 électeurs inscrits se sont présentés. «Je n'ai jamais vu ça», dit l'homme de 66 ans. Mais M. Hamel était souriant, hier. «J'ai gagné mes élections.»

C'est le jeune candidat libéral Patrick Huot qui a été élu dans Vanier, avec une mince avance de 478 voix sur son adversaire adéquiste, Sylvain Légaré.

L'ancien porte-parole de l'ADQ pour la région de Québec a refusé de nous accorder une entrevue, hier. C'était tout à fait justifié; sa femme a donné naissance à un petit garçon, hier matin. «Ça change la perspective de la défaite», a dit M. Légaré au Soleil, avant-hier.

Le jeune adéquiste était respecté dans Vanier. «Les gens considéraient M. Légaré comme un bon député actif qui connaît bien ses dossiers, indique Marcel Leblanc, retraité qui dînait dans une rôtisserie du boulevard Wilfrid-Hamel, hier midi. Mais il y a l'homme et le parti. Et le parti est en perte de vitesse.»

Même Jennifer Scallen, organisatrice en chef libérale de Patrick Huot, n'avait que de bons mots pour son travail: «C'était un excellent candidat.»

Les deux hommes se connaissent par ailleurs très bien, car M. Huot était conseiller à la Ville de Québec. Quant au candidat péquiste, Éric Boucher, il était un journaliste parfois affecté à la couverture des dossiers... de ses deux adversaires!

«Nous sommes trois jeunes hommes dans la trentaine qui se côtoient. C'était particulier, a dit à La Presse le nouveau député de Vanier. Cela a donné une campagne très respectueuse.»

M. Huot n'a pu retenir ses larmes à l'annonce de sa victoire serrée, qui l'a tenu en haleine tout au long de la soirée. «C'était une victoire émotive, raconte-t-il. La pression est enfin tombée.»

«La majorité libérale, c'est Québec qui a fait la différence», enchaîne le jeune député.

Reste qu'à l'image des Québécois, beaucoup de gens de Vanier et de Québec ont voté par dépit, et pas nécessairement avec leur coeur. «Il manque une ligne sur le bulletin de vote pour exprimer que nous ne sommes pas d'accord», dit Marcel Leblanc.

Sa conclusion: «Dans les périodes d'insécurité, les gens veulent du confort, pas du changement.»