Pendant que ses adversaires augmentent la cadence, Jean Charest lève le pied de l'accélérateur dans la dernière ligne droite de cette campagne électorale. Le chef libéral, qui jouit d'une confortable avance selon les sondages, a décidé de ne pas faire de sprint final effréné comme l'an dernier et en 2003.

Hier, M. Charest a fait escale dans seulement trois circonscriptions, toutes situées en Mauricie et passées à l'ADQ en 2007. Il en visitera trois autres aujourd'hui, à Québec, Shawinigan et Granby, encore en terre adéquiste.Aux élections de 2007, Jean Charest avait fait la tournée de neuf circonscriptions le samedi et de sept le dimanche précédant le jour du vote. Et en 2003, il s'était aussi arrêté dans 16 circonscriptions en deux jours.

«C'est un choix que nous avons fait le lendemain de la campagne de 2007, a expliqué Jean Charest en conférence de presse, hier. Parce qu'en 2007, on a tiré une leçon du fait qu'en fin de campagne il fallait se préparer pour le jour du vote.»

«Oui, c'est bien de pouvoir toucher le plus de comtés possibles, de voir les gens, a-t-il ajouté. Mais il faut aussi prendre le temps de préparer le jour du vote pour que nous puissions être le plus efficace possible sur le terrain.»

Le chef libéral se défend de tenir la victoire pour acquise, alors que les sondages des derniers jours lui prédisent une majorité. «Rien n'est décidé tant que les Québécois n'auront pas voté», a-t-il dit.

Au lendemain du débat des chefs, M. Charest promettait de faire «le plus de déplacements possible» au cours de la deuxième moitié de la campagne. «Ce n'est pas une campagne ron-ron, lançait-il aux journalistes. Je ne sais pas si vous pensez que ça va être reposant, ça ne le sera pas, je vous l'annonce. On va faire une campagne de tous les instants.»

Hier, Jean Charest a commencé sa journée à Louiseville, capitale de la galette de sarrasin. Il a fait la visite d'une boutique de produits du terroir où les «pets de soeur» s'appellent des «nombrils de soeur» parce que «ça fait plus délicat», a-t-on expliqué.

Puis, en après-midi, Jean Charest s'est rendu dans un centre sportif flambant neuf de Trois-Rivières, dans la circonscription de Champlain, où se présente le transfuge Pierre Michel Auger. Le député sortant est passé de l'ADQ au Parti libéral une semaine avant le déclenchement des élections.

Le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, a accompagné le chef libéral durant sa visite. Il était à couteaux tirés avec l'ancien député libéral André Gabias et avait donné un appui souterrain à l'adéquiste Sébastien Proulx l'an dernier. Cette fois, il réclame un ministre pour Trois-Rivières, ce qui revient à larguer le lieutenant de Mario Dumont. Il a même donné publiquement son appui au candidat libéral dans Maskinongé, son ami Jean-Paul Diamond, préfet de la MRC.

En soirée, environ 400 militants ont accueilli Jean Charest au centre communautaire Alexandre-Soucy de Trois-Rivières. L'ancien ministre libéral Yvon Picotte, qui a été président de l'ADQ entre 2004 et 2006, était du nombre. Déçu de Mario Dumont et des orientations du parti, il a claqué la porte de l'ADQ pour rentrer au bercail plus tôt cet automne. Aujourd'hui, il invite le chef adéquiste à se joindre aux libéraux. «Il ferait un excellent ministre», a-t-il lancé aux journalistes.

Yvon Picotte appuie Jean-Paul Diamond, l'un de ses anciens employés politiques. «Bienvenue dans la famille», lui a lancé Jean Charest avant de quitter la salle. «Jean Charest a changé. Il s'est adapté à la population et est à l'écoute», a affirmé l'ancien ministre de Robert Bourassa.

Au cours de la deuxième moitié de la campagne, Jean Charest a évité les bains de foule. Il s'est fait apostropher lors d'une visite dans un centre commercial de Longueuil en début de campagne. Il a aussitôt mis fin à ce genre d'exercice sans filet.

Le chef libéral a privilégié les visites d'entreprises et les rassemblements militants, des activités tenues dans des environnements contrôlés. «Ç'a été une campagne électorale axée sur le contenu, sur les enjeux de fond. C'est la campagne que j'ai choisi de faire», a-t-il expliqué.