Le Parti québécois était moins préparé au déclenchement des élections que les libéraux, a admis Pauline Marois, hier. Mais refusant de rendre les armes à 48 heures du vote, la chef péquiste a averti les Québécois de ne pas donner un «chèque en blanc» à Jean Charest.

«C'est sûr qu'à partir du moment où on ne croyait pas qu'il allait y en avoir (des élections) parce qu'on croyait que c'était irresponsable qu'il y en ait, on n'avait pas le même niveau de préparation que M. Charest», a concédé la chef du Parti québécois, alors qu'un deuxième sondage en autant de jours a prédit un gouvernement majoritaire aux libéraux.Un sondage Léger-Marketing a accordé 45% des intentions de vote au Parti libéral, contre 33% au PQ et 15% pour l'ADQ. Ces données confirment l'enquête CROP-La Presse, publiée vendredi, qui donnait le même score au PLQ et à l'Action démocratique. Le parti de Pauline Marois y recueillait 29%.

Estimant que le «ciment n'est pas pris», la leader souverainiste a de nouveau mis les Québécois en garde contre un éventuel gouvernement libéral majoritaire. Les électeurs, dit-elle, pourraient redécouvrir le Jean Charest «arrogant» qui a voulu construire la centrale thermique du Suroît et vendre le mont Orford contre le gré de la population.

«M. Charest, ce qu'il demande aux Québécois, c'est un chèque en blanc, a-t-elle averti. Il ne nous dit pas ce qu'il va faire, il ne nous dit pas où il veut aller. Une fois qu'il sera élu, est-ce qu'on va entendre les gens dire: «On n'a pas voté pour ça»? Moi, c'est ce que je crains.»

Duceppe attaque Charest

La chef du PQ a visité cinq circonscriptions jugées prenables en Estrie, sur la Rive-Sud de Montréal et dans la métropole au cours de son avant-dernière journée de campagne. Et à 48 heures du suffrage, le chef du Bloc québécois a fait une entrée remarquée. Gilles Duceppe avait participé à une douzaine d'activités du PQ au cours des dernières semaines, mais il n'avait pris part qu'à une poignée de rassemblements avec Mme Marois.

Refusant de commenter les problèmes du PQ pendant la campagne, Gilles Duceppe s'est plutôt attaqué à Jean Charest, dénonçant le mutisme du premier ministre sortant face à la crise politique à Ottawa.

M. Charest ne s'était pas gêné pour intervenir dans la campagne fédérale, a-t-il souligné. Il avait en effet critiqué les compressions en culture des conservateurs, de même que la baisse des subventions aux organismes de développement économique et le plan d'imposer des peines plus sévères aux jeunes contrevenants. «M. Charest a fait beaucoup plus d'interventions dans la campagne fédérale au sujet des intérêts du Québec qu'il l'a fait dans sa propre campagne», a raillé le chef du Bloc québécois.

Gilles Duceppe somme le chef libéral de se prononcer en faveur d'un éventuel gouvernement de coalition soutenu par le Bloc québécois. «Je le critique, a-t-il déclaré. Qu'il tienne compte de ces critiques et qu'il se tienne debout.»

Profitant de la présence de son homologue du Bloc, Pauline Marois a martelé que seule l'élection d'un gouvernement souverainiste permettra de rétablir le «rapport de force» entre Québec et Ottawa.