Mario Dumont a passé la journée d'hier à condamner l'appui de Pauline Marois et du Bloc québécois à la coalition libérale-néo-démocrate qui tentera de renverser le gouvernement Harper. Selon le chef de l'ADQ, ce dernier épisode démontre le manque de jugement politique de sa rivale péquiste. «J'ai hâte de voir comment Pauline Marois va expliquer son appui au couronnement de Stéphane Dion, dit M. Dumont. Les gens dans le mouvement nationaliste qui trouvaient qu'André Boisclair manquait de jugement sur les questions des intérêts supérieurs du Québec vont s'ennuyer de lui en voyant Mme Marois.»

La crise politique à Ottawa éclipse peut-être les élections provinciales, elle pourrait néanmoins faire augmenter le taux de participation lundi prochain au Québec, estime Mario Dumont.

«C'est curieux. Ça parle beaucoup de politique sur le terrain. Les gens trouvent ça incroyable ce qui arrive à Ottawa. Je ne suis pas sûr que ça n'aura pas un impact favorable sur le taux de participation», a dit le chef de l'Action démocratique du Québec hier soir sur les ondes de TVA.

Déséquilibre fiscal

Sur la scène québécoise, Mario Dumont s'est attaqué au sacro-saint concept du déséquilibre fiscal. «On en est rendu à penser que c'est anormal d'avoir des surplus, dit-il. La vérité est tout autre: c'est normal d'avoir des surplus après une quinzaine d'années de prospérité économique. Ce qui est anormal, c'est d'arriver à peine à boucler un budget après une telle période de croissance économique (comme c'est le cas du Québec).»

Le chef de l'ADQ a dressé un portrait sombre de l'économie québécoise à son auditoire de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Selon Mario Dumont, le Québec n'aurait pas suffisamment profité de période de prospérité économique des 15 dernières années. «Notre économie n'est pas là où la richesse de nos ressources et de notre peuple aurait dû nous mener, dit-il. On est de plus en plus loin du reste du Canada. Depuis l'arrivée du gouvernement Charest, l'écart entre le Québec et le reste du Canada est passé de 16% à 20%. Si on se compare, on s'appauvrit. Il y a un prix à payer pour notre réglementation lourde, notre lenteur à réaliser des projets et notre timidité à exploiter nos ressources naturelles.»

Prudence

Au plan économique, Mario Dumont ne mise pas sur de nouveaux investissements en infrastructures comme le PQ et le PLQ - une mesure traditionnellement proposée par les économistes lorsque les temps sont difficiles. Citant l'exemple de plusieurs villes européennes, le chef de l'ADQ préfère plutôt des PPP en transports en commun. «C'est vrai qu'un gouvernement peut investir dans des infrastructures en période difficile, mais il faut aussi faire attention aux dépenses dit Mario Dumont. Maison par maison, les gens font attention. L'État devrait faire la même chose.»

Le chef de l'ADQ est aussi revenu sur son sujet de prédilection des derniers jours: la Caisse de dépôt et placement du Québec, dont les pertes pourraient totaliser jusqu'à 30 des 155 milliards de son portefeuille cette année. Selon les calculs de l'ADQ, les pertes de la Caisse équivaudraient à 2191$ par année pour un salarié du secteur public gagnant 50 000$ qui possède un permis de conduire, tandis qu'elles seraient de 791$ par année pour un même salarié dans le secteur privé.