«Dans ma famille, les gens vivent de l'aide sociale de mère en fille. Moi, je me suis toujours fait un point d'honneur de travailler et j'ai vraiment applaudi quand j'ai entendu Mario Dumont dire qu'il faut serrer la vis pour empêcher les gens de recourir si facilement à l'aide sociale. Je ne compte plus les gens que j'ai connus qui avaient hâte d'avoir 18 ans seulement pour avoir leur chèque.

 

Pendant ce temps-là, moi, je n'arrête pas deux secondes. Je gagne plus que le salaire minimum - je gagne 9,25$ l'heure - et pourtant, ces derniers mois, j'ai dû choisir entre garnir le frigo et payer le loyer. J'ai choisi le frigo et j'ai reçu mon avis d'éviction. Je devrai avoir quitté mon logement en janvier.

C'est simple, quand t'as un enfant et que son père ne contribue pour à peu près rien, tu n'arrives pas, à 9,25$ l'heure. De pareilles conditions salariales n'incitent pas les gens à travailler, mais à se mettre sur le BS.

Autre chose importante: il faut absolument que les politiciens revoient la formule des centres jeunesse. Je suis passée par là, et j'en garde encore un terrible souvenir. Oui, il y avait là des filles anorexiques, des filles en fugue et des filles qui se mutilaient et oui, il fallait qu'il y ait une surveillance, mais il y a des limites. Je me souviens, moi, d'avoir été mise en isolement pendant 36 heures seulement parce que je refusais de présenter des excuses. J'ai vu des reportages sur les prisons, et en comparaison avec les centres d'accueil, je trouve que les prisons, ça a l'air vraiment bien!

La discipline et la «gestion des émotions», c'est tout ce qu'ils nous enseignent, dans les centres jeunesse. Il faut qu'ils nous apprennent aussi l'autonomie parce que quand les jeunes en sortent, comme c'est là, ils sont vraiment perdus.

J'ai envie, pour finir, de parler de quelque chose qui fonctionne bien: les programmes d'Emploi-Québec qui nous aident à réintégrer le marché du travail. Quand t'as une mauvaise passe, comme j'en ai eu une, d'être prise par la main, ça fait toute la différence. Il faut donc que le gouvernement mette le plus de fonds possible dans ces programmes.

Chanterelle Brodeur, mère seule et commis dans une cafétéria