Jusqu'au 8 décembre, La Presse offrira chaque jour la possibilité à un électeur d'adresser directement ses demandes aux chefs des partis politiques.

> UN VOX POPULI AUX ALLURES DE PENSE-BETE POUR CHEFS EN CAMPAGNE.

«Tout le débat politique actuel s'articule autour des thèmes de prédilection des principaux partis que sont le Parti libéral, le PQ et l'ADQ, de sorte que plusieurs enjeux sont laissés de côté, ce qui me désole.

Pour ma part, j'aimerais que les politiciens nous parlent d'économie, mais pas seulement de la Caisse de dépôt! Comme si toute l'économie se résumait à la Caisse de dépôt! Que vont faire nos politiciens pour aider les gens qui ont perdu leur emploi? Comment les aideront-ils à en trouver un autre ou à se recycler, au besoin? Tout ce que j'entends du point de vue économique, à l'heure actuelle, ce sont des solutions incomplètes ou inefficaces.

Je me désole aussi de ne pas entendre parler de lutte contre la pauvreté: pauvreté des autochtones, pauvreté en milieu urbain - Montréal-Nord n'étant ici qu'un exemple parmi tant d'autres.

Comment se fait-il, aussi, que l'on parle si peu de décrochage scolaire, qui est à la source de tellement de problèmes de pauvreté? Étonnant, aussi, que l'on ne dise mot, dans cette campagne, de tous ces immigrants très scolarisés qui arrivent ici avec leur diplôme et qui deviennent chauffeurs de taxi. Je connais plein de gens dans cette situation qui auraient simplement besoin d'une rampe d'accès pour offrir une contribution à la hauteur de leurs compétences.

Étant professeur (de génie, à la Polytechnique), je dois dire aussi que le sous-financement des universités portera atteinte à moyen terme à la qualité de l'éducation qui y est dispensée. Les conditions de travail et d'apprentissage se dégradent à un rythme inquiétant. Les professeurs sont surchargés, ils ont beaucoup trop d'étudiants à leur charge. À l'École polytechnique, on est en train de résoudre le problème, mais je sais qu'il demeure entier dans plusieurs autres départements et dans d'autres universités du Québec.

Enfin, il serait important que les politiciens réfléchissent à des avenues pour que la recherche et l'innovation se traduisent par plus d'emplois au Québec. Aux États-Unis - en Californie, notamment - le milieu universitaire est un grand créateur direct d'entreprises de technologies. Chez nous, il faudrait vraiment exploiter ce filon-là aussi.»

Samuel Pierre, professeur à l'École polytechnique