C'est peut-être à cause du froid sibérien, mais Mario Dumont est resté de glace, samedi, lorsqu'une journaliste lui a demandé si le débat des chefs serait le moment le plus important de sa carrière, peut-être même son «chant du cygne».

«Ça va être le moment le plus important de la campagne», a-t-il calmement répondu.

Pour un chef dont l'avenir était carrément mis en cause, on se serait attendu à une réaction beaucoup plus vive. Résignation? Chose certaine, plusieurs adéquistes sont pessimistes.

 

Les partisans de l'ADQ ne veulent rien entendre de la politique, confirme le député sortant de Beauce-Nord, Janvier Grondin. «Les gens n'en voulaient pas d'élections, a-t-il affirmé dimanche. Ils nous disent «On n'ira pas voter.»»

Les adéquistes considèrent qu'une abstention équivaut à un appui au PLQ, dont les partisans votent plus fidèlement. Depuis trois semaines, Mario Dumont martèle que les Québécois doivent punir Jean Charest pour avoir déclenché des élections à des fins partisanes.

Or, le message ne passe pas. Le dernier sondage n'accordait que 12% des intentions de vote à l'ADQ, cinq points de moins qu'avant la campagne. Le débat de ce soir est la dernière chance de piquer l'intérêt des Québécois, confie-t-on dans l'entourage du chef.

Les propositions de l'ADQ, comme celles de privatiser une partie d'Hydro-Québec ou imposer un moratoire sur le cours d'Éthique et culture religieuse, ont souvent été éclipsées par les gaffes. M. Dumont a été forcé d'intervenir après que le site de son parti eut diffusé des vidéos se moquant de Pauline Marois. Il a aussi semé la controverse en accusant l'émission Tout le monde en parle d'avoir accordé un traitement de faveur à Jean Charest, sans avoir de preuves pour appuyer ses propos.

Dimanche dernier, il a admis être responsable de la déception des Québécois face à son parti. Après ce mea-culpa, il a repris l'offensive, écorchant les libéraux pour leur bilan en santé, accusant PQ et PLQ de balancer des milliards en promesses électorales coûteuses en temps de crise économique.

Mais c'est la Caisse de dépôt qui a enfin permis à Mario Dumont d'ébranler Jean Charest. Le chef adéquiste avait abordé ce thème en levée de rideau. Mais il est revenu à la charge lorsque La Presse a révélé que le grand patron du bas de laine des Québécois est en congé de maladie. Depuis la semaine dernière, il martèle chaque jour que les électeurs ont le droit de connaître l'ampleur des pertes de l'institution, et il ne se gênera pas pour aborder le thème ce soir.

Les «séries» commencent

Les «séries éliminatoires» sont commencées, a dit M. Dumont, dimanche. Que peut-on attendre d'une équipe qui a terminé la saison régulière au bas du classement? Le chef ne jette pas l'éponge.

«Ça ne veut pas dire qu'on a donné des coups d'épée dans l'eau, a-t-il soutenu. La première moitié de la campagne a permis d'établir des choses: les programmes libéral et péquiste sont identiques. Les gens qui veulent du changement savent qu'il y a juste un choix, l'ADQ.»