Depuis le début de cette campagne, le chef libéral Jean Charest zigzague entre les peaux de banane laissées sur le chemin par ses adversaires, ou encore par ses promesses non tenues du passé.

Après quelques jours passés à défendre sa décision de lancer le Québec en élections à l'aube d'une «tempête économique», moins de trois semaines après un scrutin fédéral et le lendemain d'une élection américaine captivante, le sujet s'est un peu estompé.

 

Mais avec chaque sondage revient la même conclusion: les électeurs ne s'intéressent guère à la campagne. Pour Jean Charest, le choix des électeurs, le 8 décembre, est important. On ne peut, selon lui, faire face à un ralentissement économique en étant minoritaire à l'Assemblée nationale, même si ses adversaires lui avaient offert leur collaboration.

«Chaque campagne est différente», disait-il dimanche. Le souvenir de celle de 2007, où les choses ont tourné moins rondement pour lui, est encore frais. Cette fois, la machine est bien huilée.

Ses adversaires réclament la parution des états financiers du gouvernement, craignant des mauvaises surprises?

Le chef rechigne une journée, puis se plie à la requête, étouffant au passage une dispute de chiffres entre son gouvernement et le Vérificateur général du Québec.

La même stratégie a été appliquée pour les déboires prétendus de la Caisse de dépôt et placement. Après deux jours à voir son message escamoté par les critiques de ses adversaires, qui réclament que soit révélée l'ampleur des pertes de la Caisse, le ton a changé.

En catastrophe, le président du Conseil d'administration est revenu de Floride pour tenir une conférence de presse, après «discussions» avec la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. Des discussions régulières, mais normales, pour le chef libéral, qui clamait pourtant depuis des jours que toute intervention du gouvernement dans les «affaires de la Caisse» serait inacceptable. Pour Jean Charest, seule la Caisse sera imputable si les pertes sont importantes en 2008, car son gouvernement a changé les règles de gouvernance en 2004. En pleine campagne électorale, en 2007, le chef libéral n'avait pourtant pas hésité à s'attribuer en partie le mérite des bons rendements de la Caisse pour 2006.

Et la santé?

Les problèmes en santé ne se sont pas réglés après cinq années de gouvernement libéral?

C'est la faute de Pauline Marois, dit Jean Charest, rejetant le blâme sur les mises à la retraite massive des années 90. «Ça prend 10 minutes mettre un médecin à la retraite. Ça prend 10 ans en former un nouveau», répète-t-il inlassablement.

En 2008, ses engagements en santé se résument à des primes pour encourager les nouvelles infirmières à travailler dans le public et décourager les plus âgées de prendre leur retraite - rien pour celles qui ont entre 4 et 35 ans de service -, et le remboursement de traitements de fécondation in vitro. Il reprend aussi un engagement du Parti québécois en 2007, encore dans la plateforme péquiste de 2008, de porter à 300 le nombre de groupes de médecine familiale.

Jusqu'ici, la plupart des peaux de banane ont pu être évitées. Pour l'instant. Mais le chef libéral n'a pas caché son inquiétude face au débat. «Je serai la cible de toutes les attaques», prédit-il.