Un gouvernement péquiste enregistrerait un déficit durant les deux premières années de son mandat, admet le porte-parole du PQ en matière de finances, François Legault. Mais il retrouverait l'équilibre budgétaire au bout de cinq ans.

Le député sortant et candidat dans Rousseau a dévoilé le cadre financier de son parti hier. Pauline Marois s'est contentée d'en donner les grandes lignes dans un discours devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.Au cours des deux premières années d'un mandat péquiste, «les dépenses vont excéder les revenus», a reconnu François Legault en conférence de presse. Il a toutefois ajouté que c'est également ce que prévoient les libéraux.

Un gouvernement du PQ utiliserait la réserve budgétaire de 2,3 milliards, prévue par la ministre Monique Jérôme-Forget, pour équilibrer le budget de ces deux années. Le PQ emploierait donc la même tactique que les libéraux, celle-là même qu'il condamnait avant le déclenchement des élections.

Dans la première année de son mandat, un gouvernement péquiste déposerait une loi pour effacer le déficit de 5,8 milliards laissé par les libéraux et l'envoyer à la dette, a ajouté M. Legault. Ce trou budgétaire inclut le déficit accumulé de 3,3 milliards et celui que les libéraux ont prévu au cours des deux prochaines années (2,3 milliards).

La loi que déposerait le PQ serait semblable au projet de loi 85 de la ministre Jérôme-Forget. François Legault avait assimilé cette loi à du «tripotage comptable». «On était contre le projet de loi 85 parce qu'on pense qu'il faut avoir de la transparence et dire à la population qu'on est en déficit», ce que n'ont pas fait les libéraux, a expliqué le député sortant. Le PQ refuse de faire des compressions dans les services publics et de «pénaliser les citoyens» pour «le trou creusé par les libéraux». Il écarte une hausse des impôts et des taxes.

Selon M. Legault, à compter de la troisième année de son mandat, un gouvernement péquiste sortirait du rouge et commencerait à dégager une marge de manoeuvre. Celle-ci s'élèverait à deux milliards de dollars la cinquième année du mandat. Elle couvrirait le coût des engagements pris par Pauline Marois depuis le début de la campagne électorale. Les promesses du PQ totaliseraient 1,651 milliard de dollars par année à la fin du mandat. Un gouvernement péquiste disposerait donc d'un «coussin» de 349 millions la cinquième année, qui serait utilisé si la situation des finances publiques ne s'améliorait pas comme prévu, estime M. Legault. Pour constituer sa marge de manoeuvre, le PQ compte sur une reprise économique qui ferait augmenter les revenus de l'État.

Aux promesses déjà connues, Pauline Marois a ajouté hier l'investissement de 400 millions de dollars supplémentaires dans l'éducation postsecondaire.

Selon François Legault, ce cadre financier est très prudent, basé sur les prévisions du ministère des Finances. «Nous avons été prudents. Nous avons pris beaucoup moins d'engagements que par le passé», a affirmé de son côté Pauline Marois. L'an dernier, les promesses du PQ totalisaient 3,5 milliards par année à terme.

«Si la récession mondiale frappait plus sévèrement, nous allons procéder aux ajustements nécessaires» dans les dépenses, a indiqué la chef péquiste. Son gouvernement se concentrerait alors sur ses trois priorités: la famille, la santé et l'éducation. La promesse de créer 30 000 places supplémentaires dans les garderies à 7$, au coût de 400 millions par année à terme, serait tenue, peu importe l'état des finances de l'État. Un gouvernement péquiste pourrait donc faire face à un déficit plus important que prévu les premières années, une éventualité que François Legault n'a pas abordée.

D'autres engagements ne seraient toutefois réalisés que si la situation financière du Québec est «rétablie», comme l'allocation à la naissance d'un enfant (120 millions par année) et le soutien à la rentrée scolaire (200 millions).