Sommé par ses adversaires de faire toute la lumière sur la situation « inquiétante» à la Caisse de dépôt et placement, le chef libéral, Jean Charest, est resté de glace et a refusé d'intervenir dans les «affaires internes» de cette «institution autonome». Après que La Presse eut révélé, hier, que le grand patron du bas de laine des Québécois, Richard Guay, se retirait pour «une période de repos», adéquistes et péquistes ont soulevé des doutes sur l'ampleur des pertes et la véritable situation financière de la Caisse de dépôt. Cette dernière confirmait par ailleurs, en milieu de journée, la mise à pied de 10 employés du secteur des marchés boursiers internationaux. «Je ne peux pas présumer de ce qui se passe à la Caisse autrement que, comme vous, être capable de comprendre qu'il y a un effondrement des marchés boursiers, a dit la chef péquiste Pauline Marois. Et la Caisse a des placements importants à ce niveau-là. S'ils mettent à pied 10 gestionnaires de placements, il doit y avoir un problème, et il doit être sérieux. « M me Marois réclame de M. Charest qu'il « fasse preuve de transparence», et qu'il fasse le point «sur ce qui se passe à la Caisse actuellement «. Pour le numéro 2 de l'ADQ, Gilles Taillon, qui réclame depuis des mois que le gouvernement Charest publie les chiffres de la Caisse de dépôt et placement, la situation actuelle est «inquiétante «.

«Il y a certainement quelque chose qui ne va pas», a lancé M. Taillon. «Très tôt, nous avions des inquiétudes, a ajouté l'adéquiste. Le comportement de la Caisse dans le papier commercial, 50% du papier commercial canadien, on trouvait que c'était une gestion de portefeuille extrêmement risquée. On dira aujourd'hui qu'on vient de nous donner raison. « Selon lui, le gouvernement de Jean Charest est ultimement responsable de la Caisse, même s'il a voté une loi en 2004 pour changer son mandat et lui donner davantage d'autonomie. «C'est le droit des Québécois de savoir ce qui arrive de leur portefeuille, a estimé M. Taillon. Là, les nouvelles arrivent au compte-gouttes, des mauvaises nouvelles avec des correctifs dont on ne connaît pas la teneur. On ne sait pas exactement pourquoi ces gens sont partis.» Martelé de questions par les journalistes, le chef libéral s'est refusé à tout commentaire, autant sur la situation financière de la Caisse, -invoquant l'autonomie de l'institution-, que sur l'absence temporaire du tout nouveau président de l'institution, nommé en septembre, après le départ surprise d'Henri-Paul Rousseau. «La Caisse de dépôt et placement, c'est une institution qui est forte. C'est une équipe qui est forte. Dans le cas de M. Guay, c'est un problème de santé. Il prend un repos pour une période d'un mois. Il est remplacé pendant ce temps. La Caisse fonctionne normalement, elle remplit sa mission. La Caisse de dépôt est bien gérée «, a assuré M. Charest. La Caisse évalue ses rendements sur une période de 10 ans, a-t-il ajouté, et le rapport annuel devrait être déposé, comme prévu, en février. «La pire chose à faire serait d'intervenir politiquement dans les affaires de la Caisse de dépôt «, a souligné le chef libéral, accusant ses adversaires de vouloir «mettre les deux mains» dans la gestion du bas de laine des Québécois. Lorsqu'il était chef de l'opposition à Québec, le chef libéral avait blâmé le gouvernement du Parti québécois pour les mauvais rendements de la Caisse. Le gouvernement avait par la suite adopté une loi pour changer les règles de gouvernance de l'institution «et s'assurer qu'il n'y ait pas d'intervention politique».

100 millions pour les aînés

Pour faire face au vieillissement de la population et à la pénurie de main-d'oeuvre, Jean Charest a proposé hier une exemption d'impôt supplémentaire pour encourager les 65 ans et plus à rester au travail. Actuellement, le premier 1000$ de revenu de travail d'une personne recevant la pension de la Sécurité de la vieillesse est exempt d'impôt. Le chef libéral, s'il est réélu, s'engage à faire passer cette tranche de revenu non imposable à 10 000$. À terme, cette mesure coûtera au gouvernement 100 millions de dollars par année. Par ailleurs, le chef du Parti libéral a été accueilli hier midi à Laval par des syndiqués des secteurs public et parapublic, qui tenait à rappeler qu'ils se sont fait imposer leurs conditions de travail par le gouvernement Charest, alors qu'il était majoritaire, en décembre 2005. «Ce qu'on a vécu dans les cinq dernières années, c'est un gouvernement qui a été le plus antisyndical qu'on a jamais connu», a dit la porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), Michèle Boisclair, sommant le chef libéral de s'engager à respecter le droit de négocier des employés de l'État. M. Charest a par la suite été hué à son arrivée au Centre récréatif de Rivière-des-Prairies, par des employés en lock-out du Casino de Montréal, qui réclament l'intervention du gouvernement pour faire cesser un conflit de travail qui dure depuis plus de trois mois.