Mario Dumont a admis être responsable de la déception des Québécois à l'égard de l'ADQ, hier. Il reconnaît avoir commis plusieurs «erreurs» depuis son accession à la tête de l'opposition officielle et appelle les électeurs à lui donner une deuxième chance.

«J'assume totalement la responsabilité pour les choses qui n'ont pas marché, pour les déceptions que les Québécois ont pu avoir», a-t-il déclaré devant 850 partisans rassemblés dans son fief de Rivière-du-Loup.

Dans un long mea-culpa, le chef de l'ADQ a admis qu'il n'avait pas su jouer en équipe au cours des derniers mois. Ses troupes n'ont pu fournir une opposition efficace au gouvernement Charest, car plusieurs des 41 députés adéquistes n'avaient aucune expérience parlementaire avant d'être élus.

«En très peu de temps, a-t-il résumé, on a demandé d'eux qu'ils soient excellents.»

Le chef a parlé d'«erreurs de parcours», d'«erreurs d'apprentissage», d'«erreurs d'impatience». Il a admis avoir pris de «mauvais plis» au cours de ses huit années passées seul à l'Assemblée nationale. Résultat: il n'a su composer avec une équipe parlementaire élargie. Mais il n'a donné aucun exemple de ses fautes.

Les Québécois espéraient de grands changements en votant pour l'ADQ, a constaté Mario Dumont, qui s'est ouvertement demandé si les attentes des électeurs n'étaient pas trop élevées à son égard.

«On s'est retrouvé dans une situation où les attentes étaient là et où on n'avait ni les outils du pouvoir, ni les apprentissages et les habiletés nécessaires, la première journée, comme équipe, pour être l'opposition officielle du tonnerre que les gens attendaient», a-t-il admis.

M. Dumont n'a pas rencontré les médias pour éclaircir ses propos, hier.

Ses partisans n'ont pas été beaucoup plus bavards. Frédéric Audet, qui porte les couleurs du parti dans Rimouski, a refusé de nommer une seule gaffe commise par son parti au cours des derniers mois.

«S'il y a une chose que je peux lui reprocher, c'est d'avoir menacé de faire tomber le gouvernement sur l'abolition des commissions scolaires», a finalement admis un partisan de longue date, qui a refusé de se nommer.

«On aurait pu faire un meilleur coup que ça», a ensuite concédé le candidat adéquiste dans Kamouraska-Témiscouata, Ian Sénéchal.

L'Action démocratique avait récolté 31% des suffrages, en 2007, pour devenir l'opposition officielle. Mais le parti est en chute libre depuis. Un sondage CROP-La Presse paru samedi n'accordait que 15% des intentions de vote à l'Action démocratique, contre 42% au PLQ et 31% au PQ.

Outre la menace de faire tomber le gouvernement sur la question des commissions scolaires, on a aussi critiqué Mario Dumont pour avoir boudé une rencontre avec le premier ministre Charest en pleine crise budgétaire.

De passage à Saint-Jean-sur-Richelieu, Pauline Marois s'est moquée du mea-culpa de son vis-à-vis adéquiste: «S'il pense qu'il a eu de la difficulté à être chef de l'opposition et qu'après deux mois il était prêt à renverser le gouvernement en votant contre le budget, je me dis que peut-être son mea-culpa arrive un peu tard.»

«La flamme est toujours allumée»

Mais M. Dumont jure qu'il n'a pas dit son dernier mot. «Ce n'est peut-être pas arrivé aussi vite, et ce n'est peut-être pas arrivé aussi bien que vous l'auriez souhaité, a admis Mario Dumont. Mais la flamme est toujours allumée et le changement est toujours à notre portée.»

Le leader adéquiste mettra les bouchées doubles dans les prochains jours, dans l'espoir de convaincre les électeurs de lui donner une autre chance. Il entend multiplier les interventions publiques. Et sa femme, Marie-Claude Barrette, sera mise à contribution pour vendre le programme du parti.

«Il reste une autre vitesse sur notre tracteur, a dit Mario Dumont. Et on va monter d'un cran.»

Avec la collaboration de Tommy Chouinard.