Les électeurs délaissent en masse l'Action démocratique du Québec au profit du Parti libéral. Conséquence : Jean Charest dispose désormais d'une confortable avance sur ses adversaires Pauline Marois et Mario Dumont.

C'est ce qui ressort d'un sondage CROP réalisé pour La Presse du 6 au 13 novembre auprès de 1003 personnes. Si des élections avaient eu lieu cette semaine, le PLQ l'aurait emporté haut la main avec 42 % des suffrages, contre 31 % au Parti québécois et un famélique 15 % à l'ADQ, observe Claude Gauthier, spécialiste de la maison CROP.Une fois les 9 % d'indécis répartis proportionnellement, les verts récoltent 7 % et Québec solidaire, 4 % des suffrages. À noter que le sondage a débuté au lendemain du déclenchement des élections.

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La satisfaction à l'endroit du gouvernement reste très solide à 59 %. C'est cinq points de plus qu'au mois d'octobre (54 %) et deux de moins qu'en septembre. Mais globalement, la satisfaction à l'endroit du gouvernement est restée clairement au-dessus des 50 % depuis le début de 2008.

Par rapport à la mi-octobre, les libéraux sont en montée de quatre points. Les péquistes, eux, ont perdu un point, un déplacement trop faible pour être significatif.

L'avance du PLQ sur le PQ est passée de 6 à 11 points depuis la mi-octobre, selon CROP. L'ADQ traîne bien loin derrière avec 15 % des intentions de vote, deux points de moins qu'en octobre, un déplacement en deçà de la marge d'erreur du sondage, qui est de trois points de pourcentage.

Le gouvernement libéral serait donc clairement majoritaire car, avec des résultats aussi faibles, Mario Dumont ne récolterait que quelques députés. Son poids serait probablement insuffisant pour faire la différence comme tiers parti à l'Assemblée nationale. Rappelons que, aux élections générales de 2003, avec 18 % des suffrages, l'ADQ n'avait fait élire que quatre députés.

Si la tendance se maintient, les résultats du 8 décembre pourraient bien ressembler à ceux des élections de 2003, ajoute M. Gauthier. Le PLQ avait alors obtenu 46 % des voix, le PQ 33 % et l'ADQ, 18 %. Cela s'était traduit par 76 circonscriptions libérales, 45 péquistes et quatre adéquistes.

Les adéquistes au PLQ

Le sondage fait un constat intéressant. La capacité de l'ADQ à retenir ses supporteurs est très faible. La moitié de ceux qui ont voté pour le parti de Mario Dumont en 2007 ont l'intention de faire de même. Par comparaison, 84 % des libéraux et 76 % des péquistes vont répéter leur vote de 2007.

Or, des électeurs qui ont déserté l'ADQ, essentiellement des francophones, presque le tiers iront aux libéraux (29 %), et seulement 15 % au Parti québécois.

Chez les électeurs francophones, libéraux et péquistes sont désormais à égalité, à 36 % et 37 % respectivement. C'est une hausse de six points pour le PLQ depuis l'enquête d'octobre, tandis que le PQ marque le pas, deux points de moins qu'il y a un mois. L'ADQ recule de trois points chez les francophones, passant de 19 à 16 % des intentions de vote.

Par région, les choses se corsent pour l'Action démocratique. De 24 % dans les régions en dehors de Québec et Montréal, elle passe à 18 %, ce qui ne permet guère d'espérer de députés. À Québec, son ancien château fort, le parti de Mario Dumont est à 17 %, deux points de mieux qu'il y a un mois.

Tant en région qu'à Québec, les libéraux sont désormais en avance. Dans la capitale, ils récoltent 41 % des intentions de vote et les péquistes, 30 %. Dans les autres régions, les libéraux obtiennent 39 % des intentions de vote, une montée de quatre points, contre 34 % au PQ, une hausse de deux points sur le mois d'octobre.

Dans la région de Montréal, les libéraux recueillent 44 % des intentions de vote, contre 29 % au PQ et un maigre 11 % à l'ADQ. Dans le 450, où bien des adéquistes ont été élus en 2007, libéraux et péquistes sont presque à égalité, à 36 contre 34 %. Les troupes de Mario Dumont ferment la marche avec 16 %.