Pour atteindre son objectif d'augmenter de 16 % l'achalandage des transports en commun d'ici cinq ans, Pauline Marois refuse d'imposer des mesures dissuasives comme des péages contre les automobilistes.

Ce type de mesures peut «déplaire» à l'électorat, reconnaît-elle. La chef péquiste mise plutôt sur des projets de transport collectif de 3,5 milliards sur 10 ans qui, précise-t-elle, ne seraient pas réalisés en PPP.

Ces projets, tous dans la grande région de Montréal, « seront faits selon le mode conventionnel », a-t-elle promis lors d'un point de presse au Terminus de Longueuil, hier. Car la formule actuelle des partenariats public-privé (PPP) a des « effets pervers » et des résultats «inquiétants».

«La maîtrise d'oeuvre, l'expertise et les profits vont à des entreprises australiennes, espagnoles. Je n'ai rien contre les investissements que les entreprises étrangères peuvent faire au Québec et le fait qu'elles puissent tirer des bénéfices. Mais je comprends que nos plus grandes firmes ne sont pas au rendez-vous, n'ont pas les projets, ne sont pas les donneurs d'ouvrage. C'est inacceptable», a-t-elle expliqué.

En juin dernier, un consortium formé de deux multinationales espagnoles a décroché le contrat de l'autoroute 30. Sa proposition a été préférée à celle du groupe formé par SNC-Lavalin. Le géant australien Macquarie et ses associés ont obtenu le contrat de l'autoroute 25 à l'automne 2007.

Un gouvernement péquiste réviserait la formule des PPP telle que préconisée par une agence gouvernementale. Dans ce type de partenariat, l'État confie la construction, l'entretien et la propriété d'une infrastructure à un partenaire privé sur une période de 30 ans par exemple.

Lorsque Pauline Marois s'est prononcée contre la formule des PPP, un représentant syndical, qui s'était faufilé parmi les journalistes, a perturbé sa conférence de presse. «Félicitations Mme Marois !» a crié Claude Benoit, président du Syndicat des chauffeurs d'autobus, des opérateurs de métro et des services connexes de la Société de transport de Montréal.

«Si c'est votre garantie que le système de transport public à Montréal va rester public, je vais dire à mes membres de voter Parti québécois. Je peux vous garantir notre appui, Mme Marois.»

Surprise, la chef péquiste a tenu à dire aux journalistes que ce n'était pas une mise en scène, que «ce n'était pas prévu».

La sortie est en effet étonnante. Le syndicat de M. Benoit, qui compte 4000 membres, est affilié à la FTQ, qui a décidé de retirer au PQ l'appui qu'elle lui avait donné aux élections de l'an dernier.

Claude Benoit s'est défendu d'aller à l'encontre d'un mot d'ordre de la centrale. « Je suis libre de mes actes », a-t-il dit. Si Mme Marois mettait de côté la «timidité» que la FTQ lui reproche au sujet de la souveraineté et de la loi 33 sur le développement de cliniques privées, la centrale «changerait d'idée» selon lui.

Pauline Marois écarte toute mesure dissuasive ou coercitive pour réduire l'utilisation de l'automobile. «Ça peut déplaire», a-t-elle noté. Elle dit ne pas prévoir de péage. Ses projets de transport collectif sont des initiatives «plus efficaces». Ils permettraient à eux seuls, selon elle, d'augmenter l'achalandage des transports en commun de 16 % sur cinq ans, le double de l'objectif que s'est donné le gouvernement Charest. «On va y arriver sans avoir à être dissuasif ou coercitif.»

Alors que son objectif est sur cinq ans, Pauline Marois se donne 10 ans pour « réaliser » ses projets. Et «la mise en service pourrait s'échelonner sur les 15 prochaines années».

Ces projets évalués à 3,5 milliards, dont quelques-uns sont déjà annoncés, seraient financés à même l'enveloppe de 41 milliards prévue par le gouvernement Charest pour les projets d'infrastructures.

Quelques-uns des 14 projets promis par le PQ :

- Prolongement de la ligne bleue du métro jusqu'à Pie IX (ajout d'une station)

- Réalisation d'une ligne de tramway desservant le centre des affaires, le Vieux-Montréal et l'axe Pie-IX.

- Aménagement d'un système léger sur rail dans l'axe Brossard-centre-ville de Montréal

- Achèvement du train de banlieue dans l'Est, jusqu'à Mascouche et accélération de la réalisation du tronçon Montréal-Repentigny

- Réalisation de la navette ferroviaire entre l'aéroport Montréal-Trudeau et le centre-ville

- Réalisation du projet de train de banlieue sur la Rive-Sud pour desservir Châteauguay, Mercier et Longueuil.