Dès son élection et peu importe l'état des finances publiques, Pauline Marois promet que chaque enfant aura une place dans une garderie à 7$. Cet engagement signifierait la création de 38 000 places au coût de 500 millions lors de la première année d'un mandat péquiste.

La mesure serait mise en oeuvre même si le PQ devait composer avec un «déficit monstrueux» en arrivant au pouvoir.À Blainville, dans une autre étape de sa tournée de circonscriptions du 450 qui sont passées à l'ADQ l'an dernier, la chef péquiste a dévoilé une politique familiale ambitieuse. «Jean Charest s'est traîné les pieds. Il n'a pas tenu compte des besoins des familles. Le parti des familles, c'est le Parti québécois», a-t-elle lancé hier.

À l'exception des places en garderie, les mesures financières promises ne se concrétiseraient que «lorsque la situation économique et financière du Québec sera rétablie et stabilisée». C'est le cas du bébé-bonus, que Mme Marois veut ressusciter après l'avoir aboli en 1997 afin de créer le réseau des CPE.

Dans un centre de la petite enfance de Blainville, la chef péquiste a martelé son message: «un enfant, une place», dans un CPE ou une garderie en milieu familial. Elle entend mettre fin aux listes d'attente et répondre à tous les besoins des parents dès son élection.

«Si c'est 38 000 places, ce sera 38 000», a-t-elle dit, reprenant l'estimation des besoins produite par les conférences régionales des élus. «Si c'est un peu plus, ce sera un peu plus.»

La mesure coûterait selon elle 400 millions de dollars par année. Mais le gouvernement devrait dépenser tout près de 500 millions pour créer 38 000 places (13 000$ chacune). Pauline Marois a précisé que le PQ débourserait la somme nécessaire «l'année même» de son arrivée au pouvoir.

Un gouvernement péquiste ferait cette dépense même s'il découvrait un «déficit monstrueux» en entrant au pouvoir, ce à quoi Mme Marois a déjà dit qu'elle s'attendait. «On prendra les finances là où elles seront. Mais un engagement ferme sera tenu: un enfant, une place», a-t-elle dit. Dimanche, Mme Marois s'est dit prête à faire un déficit de façon temporaire si la conjoncture économique est mauvaise, mais pas pour développer de nouveaux services. Mais au bout de son mandat de cinq ans, un gouvernement péquiste s'assurerait que l'équilibre budgétaire soit rétabli.

La chef du PQ dit compter sur les sommes déjà prévues par le gouvernement Charest pour financer ses nouvelles places. Mais les libéraux comptent créer des places (18 000 déjà annoncées et 15 000 autres promises) à l'intérieur d'un mandat, et non en une seule année.

Pauline Marois n'a pas précisé quels services pourraient être coupés. Un gouvernement péquiste ferait des «choix», s'est-elle contentée de dire.

Les garderies et des «regroupements de parents» formuleraient les demandes de places à Québec. Le gouvernement donnerait les subventions «dès la demande», a promis Mme Marois. Le réseau compte 205 000 places à l'heure actuelle.

La politique familiale du PQ ne comporte aucun cadre financier, contrairement à ce que la chef péquiste avait promis.

Un gouvernement péquiste créerait un «soutien financier à la naissance d'un enfant». Ce bébé-bonus coûterait «une centaine de millions» par année, a dit Mme Marois, sans préciser le montant par bébé. En se basant sur les 84 200 naissances de 2007, le chèque pourrait être d'environ 1187$. Le montant pourrait varier selon qu'il s'agisse d'un premier, d'un deuxième ou d'un troisième enfant.

Le PQ verserait également aux parents une allocation pour la rentrée scolaire, une mesure coûtant «autour de 200 millions». Comme 930 500 élèves fréquentent les écoles primaires et secondaires, l'allocation se chiffrerait à environ 215$ par enfant. Ces deux mesures financières ne seraient toutefois mises en place que si la situation économique est «rétablie».

La ministre de la Famille et députée sortante de Fabre, Michelle Courchesne, juge irréaliste l'engagement d'offrir une place à 7$ à tous les enfants aussi rapidement. «Elle va avoir le même problème que nous: les bâtiments sont pleins. Il faut que les gens prennent le temps de trouver les terrains, de faire les plans et devis, d'aller en appel d'offres, de faire construire. Tout ça ne peut se réaliser en un an, c'est physiquement impossible».

Avec Marie Allard