Le slogan du Parti libéral? Audacieux. Le slogan de l'ADQ? Direct, mais maladroit. Le slogan du Parti québécois? Trop neutre. Voilà le bilan des observations des quatre spécialistes de la communication interviewés par La Presse.

C'est le slogan du Parti libéral, L'économie d'abord, Oui, qui a suscité le plus de réactions. Frédéric Metz, professeur de design graphique à l'UQAM, le voit comme «un coup de taloche» au PQ.

«Le Parti libéral installe une certaine confusion en empruntant le mot Oui aux souverainistes», explique la publicitaire Anne Darche. Surtout que c'est graphiquement présenté comme le Non l'était à l'époque. «En voyant l'affiche, c'est clair que Oui est le vrai slogan. L'économie d'abord est plus comme un sous-titre, indique-t-elle. Cela démontre énormément d'assurance. Cela frise le baveux, mais c'est très astucieux.»

Selon elle, «le slogan du PLQ est le plus habile, le plus conscient, parce qu'on parle d'un sujet qui préoccupe les gens».

«C'est audacieux, renchérit Luc Dupont, professeur en communication à l'Université d'Ottawa. Mais c'est le fruit d'une étude de marché», nuance-t-il.

Frédéric Metz n'a pas été impressionné par les slogans des trois partis. Il qualifie de «catastrophique» le Donnez-vous le pouvoir de l'ADQ. «On prie le Seigneur à genoux», ironise-t-il.

«C'est comme Donnez-nous notre pain quotidien. Il y a un fond religieux», opine Anne Darche. Pour la publicitaire, le slogan est du «Subliminal 101». «Inévitablement, je lis Donnez-nous le pouvoir. Soit que c'est très subliminal et que c'est un bon coup, ou bien c'est très maladroit.»

Pour sa part, Luc Dupont apprécie la formule courte, impérative et punchée du slogan de l'ADQ. Mais si Mario Dumont fait piètre allure dans les sondages, «le slogan va tomber à plat».

«C'est un slogan qui vise la classe moyenne, complète Thierry Giasson, professeur au département d'information et de communication de l'Université Laval. Il interpelle le citoyen et il le place au centre de l'exercice.»

De son côté, le Parti québécois a comme slogan Québec gagnant. Sur les affiches, il s'inscrit en un seul mot, car, pour y faire un renvoi à un site internet, on y a ajouté «.org». Luc Dupont considère que le PQ se reprend pour la mauvaise stratégie web de la dernière campagne. «L'internet devient une façon intéressante de contrecarrer l'absence de sous», ajoute-t-il.

Le slogan du parti de Pauline Marois emballe moins ses trois collègues. «Faible. Pas d'effet de nouveauté», dit Thierry Giasson. «Enfantin», ajoute Frédéric Metz. «C'est extrêmement neutre, conclut Anne Darche. Il pourrait être employé par n'importe quel autre parti. C'est dépourvu d'émotion et d'engagement. Le coeur n'y est pas.»

La publicitaire critique tout autant la pancarte, et comment Pauline Marois y est présentée. «On dirait une image sainte. Elle ne regarde pas l'objectif, comme si elle implorait le ciel. L'image est délavée», commente-t-elle.

De son côté, Québec solidaire n'a pas de slogan officiel. Mais cinq «pancartes à message», indique le porte-parole Francis Boucher, comme «POUR un système public, CONTRE le profit sur la maladie».

Un slogan n'était pas nécessaire pour l'équipe de Françoise David et Amir Khadir, considère Anne Darche, car «leur mission passe par leur nom». Avec l'opposition du «POUR» et du «CONTRE», l'approche est intéressante. «Cela ne se décode pas au volant d'une voiture. Mais ça colle au parti et à ses gens piétonniers.»