L'indépendance du Québec ne passe plus nécessairement par le Parti québécois (PQ), mais plutôt par la collaboration entre les militants souverainistes, a déclaré dimanche l'ex-premier ministre du Québec Bernard Landry, en marge du congrès de la Convergence nationale.

«Ça passe par la solidarité de tous ces millions d'indépendantistes qui, à travers un parti ou un autre, feront avancer cette cause», a déclaré l'ancien chef péquiste au sujet de la souveraineté. Quand on lui a demandé si le PQ était le seul parti apte à mener le Québec vers l'indépendance, il a répondu qu'il était «évident» que non. «Il y a d'autres partis indépendantistes que le PQ. Ce qui compte, c'est qu'il y ait une convergence pour que les indépendantistes se soutiennent les uns les autres sur la mission fondamentale: l'indépendance. Pour le reste, chacun son orientation», a-t-il dit.

Tout de même, celui qui se définit comme un «militant bénévole ardent» n'a pas manqué de souligner que la première ministre actuelle, Pauline Marois, est une indépendantiste, et que le peuple québécois a choisi d'élire un gouvernement péquiste.

Envoyé sur place, le ministre délégué au Tourisme, Pascal Bérubé, a limité ses commentaires à des phrases fort prudentes. «C'est un ancien premier ministre qui a évoqué cela, donc je vais laisser la première ministre actuelle répondre», s'est borné à dire M. Bérubé, qui a admis avoir choisi de se rendre au congrès à la dernière minute. «Le PQ a tout ce qu'il faut pour accueillir les souverainistes de toutes les tendances, on a beaucoup d'ouverture», a-t-il ajouté. L'attachée de presse de Pauline Marois n'a pas rappelé La Presse.

Virage historique

Après un discours fougueux devant quelques centaines de souverainistes réunis à l'appel du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ), Bernard Landry a évoqué un virage historique. À son avis, l'idée de réunir les indépendantistes de divers horizons politiques afin de concevoir une stratégie et une plateforme communes pour la prochaine élection «rend un grand service à la population».

«Un pays qui veut être libre a le devoir de l'être. Notre place n'est pas au Conseil de la fédération. Elle est aux Nations unies», a-t-il lancé à la foule, dans une envolée lyrique qui a confirmé ses talents d'orateur. «Ce sera mieux pour nous et pour l'humanité d'aller travailler au concert des nations. Ce n'est plus juste du nationalisme, c'est du civisme mondial et national.»

Pour obtenir le statut de pays et concrétiser la vision de Bernard Landry, qui souhaite voir flotter le drapeau du Québec sur les rives de l'East River, près du siège des Nations unies à New York, la Convergence nationale y est allée d'une série de propositions sur la mobilisation du mouvement souverainiste.

Les participants au congrès ont notamment appuyé l'idée de réaliser une étude «sur les scénarios possibles de primaires souverainistes et d'ententes électorales», un document qui serait ensuite remis aux partis souverainistes. La mise sur pied d'un consortium non partisan «souhaitant travailler à la convergence électorale des partis indépendantistes» a également été proposée, ce qui n'est pas sans rappeler les intentions des organisateurs de la Convergence nationale, qui souhaitaient avant tout réunir «la famille indépendantiste autour de la même table», pour reprendre les mots de Jocelyn Desjardins, co-porte-parole du NMQ.

Certes, le co-porte-parole de Québec solidaire, Andrès Fontecilla, le chef d'Option nationale, Jean-Martin Aussant, et le péquiste Pascal Bérubé ont partagé la scène pendant un moment. Mais leurs positions sur divers enjeux ne s'en trouvent pas moins divergentes.

Québec solidaire a fermé la porte aux ententes électorales le 5 mai, une décision qu'Option nationale a perçue comme un désaveu des valeurs souverainistes des solidaires.

Le Parti québécois s'oppose quant à lui à une réforme du mode de scrutin pour le rendre proportionnel. «Ceux qui font la promotion de la proportionnelle sont ceux qui reçoivent le moins d'appuis populaires. Ça ne doit pas être un moyen de faire augmenter les appuis», a déclaré Pascal Bérubé à cet effet.

Au final, cependant, les partis souverainistes auront peut-être à s'entendre, car selon Bernard Landry, ils n'ont pas le droit à l'erreur. «Puisqu'on était si près de la victoire au dernier référendum, ce serait un recul de perdre le prochain», a-t-il observé. «Mais ça n'arrivera pas!»