À quelques heures du dévoilement du nouveau régime de redevances minières, la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, change d'idée. Elle assistera finalement à la conférence de presse, a confirmé son cabinet, sans expliquer officiellement cette décision.

Le nouveau régime ne semble pas particulièrement enthousiasmer la ministre. «C'est une décision de l'ensemble du gouvernement, et que le gouvernement supporte», s'était elle bornée à dire la semaine dernière.

Mercredi dernier, Mme Ouellet avait confirmé qu'elle serait en visite officielle à Sept-Îles le lendemain, jour où la teneur du nouveau régime devait être annoncée. L'annonce a finalement été reportée à lundi, mais la ministre ne pouvait davantage y assister. Elle a alors expliqué qu'elle arriverait à l'avance à Chibougamau, où le gouvernement doit annoncer demain mardi son plan de mise en valeur du Nord.

Vendredi soir, Mme Ouellet a écrit sur Twitter: «Ne croyez pas les rumeurs de l'opposition au changement. Je n'ai pas l'intention de démissionner.»

Mme Ouellet a longtemps incarné au Parti québécois le combat de ceux qui exigent que l'État tire plus d'argent de l'exploitation de ses ressources non renouvelables. La Presse a déjà rapporté que le nouveau régime de redevances ne reprendra pas le détail des engagements électoraux. Il s'agira encore d'un régime hybride, qui perçoit des redevances sur la valeur brute avec une taxe sur le profit.

Mais les modalités ont été modifiées de façon significative pour ne pas trop nuire aux sociétés minières. Différentes sources ont affirmé à La Presse qu'un bras de fer opposait Mme Ouellet à différents ministres qui voulaient un régime moins contraignant pour les minières, par crainte de nuire à leurs investissements.

En nommant Martine Ouellet ministre des Ressources naturelles, la première ministre Pauline Marois lui avait clairement donné ce mandat. «Martine, vous avez le mandat de proposer un nouveau régime de redevances minières fondé sur la juste part que doivent recevoir les véritables propriétaires, soit les Québécois», déclarait-elle.

Un Forum des redevances a été organisé en mars avec Mme Ouellet et le ministre des Finances, Nicolas Marceau. C'est ce dernier qui devait fixer les paramètres du régime, un dossier fiscal. Ce fut également le cas sous le gouvernement libéral. Mais la vision de Mme Ouellet a semblé avoir moins d'influence dans les dernières semaines. À la suite du Forum, les minières ont augmenté la pression sur le gouvernement, et le dossier aurait été arbitré au bureau de la première ministre.

En campagne électorale, le Parti québécois avait promis de récolter en moyenne 388 millions de dollars de plus par année en redevances, soit près de deux fois plus que ce qu'il perçoit actuellement. Mais M. Marceau a depuis réduit les attentes. Le contexte a changé à cause de la morosité économique et du prix des métaux, a-t-il expliqué.