Même s'il promet d'améliorer le sort des assistés sociaux en remplaçant les prestations spéciales par un programme d'aide à l'emploi, le gouvernement péquiste ne rassure pas les groupes de défense des démunis.

«On est tout à fait d'accord avec les mesures d'employabilité, mais ce n'est pas en affamant les personnes qu'on va réussir à les aider», a lancé Amélie Châteauneuf, du Front commun des personnes assistées sociales.

Jeudi, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, a rencontré son groupe ainsi que le Collectif pour un Québec sans pauvreté. La ministre les a écoutés, sans prendre d'engagement pour l'instant. Son projet de règlement est toujours à l'étude.

Mme Maltais y propose d'éliminer l'allocation spéciale de 129 $ pour les personnes de 55 à 58 ans et pour les parents d'un enfant de moins de 5 ans. Cette allocation sert à indemniser ces gens pour leur «obstacle supplémentaire» à la recherche d'un emploi. La ministre propose en contrepartie une allocation supplémentaire de 195 $ pour ceux qui participeront au programme «Tous pour l'emploi».

On aiderait ainsi les prestataires à obtenir un emploi, le meilleur moyen pour les sortir de la pauvreté, soutient Mme Maltais. Après avoir indiqué plus tôt cette semaine que les prestataires bénéficieraient du programme pendant une durée limitée, elle dit maintenant qu'il n'y aurait «pas de limite de temps».

«Contrairement aux programmes d'aide sociale, les programmes d'employabilité ont toujours une limite de temps. Même après notre rencontre, on a encore beaucoup de questions. Ce n'est pas clair ce que propose la ministre», s'inquiète Mme Châteauneuf.

Si un prestataire des deux catégories ciblées n'a pas accès au programme ou le quitte sans avoir décroché d'emploi, il aura au bout du compte vu ses prestations diminuer de 129 $, soit de 733 $ à 604 $, poursuit-elle.

Mme Maltais croit que ces changements sont nécessaires. Selon elle, le marché de l'emploi a évolué. «Ce n'est pas l'âge de 55 ans ou le fait d'avoir un enfant en bas âge qui est une contrainte à l'emploi. La contrainte est ailleurs. Elle est dans le temps passé hors du marché de l'emploi, sur l'aide sociale, dans les échecs répétés», dit-elle.

Elle veut s'attaquer à ces causes. Elle promet de rencontrer chaque prestataire pour l'informer de ses droits et vérifier s'il est inapte, donc admissible à de plus importantes prestations. Et elle avance qu'il n'y aura pas de contingentement dans les centres locaux d'emploi pour gérer ce programme.

«[Mme Maltais] nous a dit lors de notre rencontre qu'il pourrait y avoir des personnes qui passeront entre les mailles du filet, contrairement à ce qu'elle a dit ce week-end, quand elle a promis qu'elle n'échapperait personne», a rapporté Mme Châteauneuf. Des prestataires pourraient «tomber dans les craques» en perdant leurs allocations spéciales sans bénéficier du nouveau programme. Mme Maltais dit qu'elle comblera si nécessaire les possibles «trous» dans son règlement.