L'ex-chef intérimaire du Parti libéral du Canada, Bob Rae, démissionne de son poste de député. M. Rae, qui aura 65 ans en août, allait célébrer au mois d'octobre le 35e anniversaire de sa toute première élection à la Chambre des communes, sous la bannière néo-démocrate.

Cet ancien premier ministre de l'Ontario dans les années 1990 et député de la circonscription de Toronto Centre a expliqué qu'il se consacrera désormais à temps plein à son travail d'avocat et de médiateur auprès des Premières Nations. 

M. Rae, qui a succédé à Michael Ignatieff lors de la défaite électorale du Parti libéral de mai 2011, a cédé la place à Justin Trudeau lorsqu'il a été élu chef permanent en avril. En point de presse au parlement mercredi, il a souhaité bonne chance à son successeur et s'est dit convaincu qu'il deviendra premier ministre du Canada.

Cette annonce a causé la surprise sur la colline parlementaire, au moment où les chefs de partis devaient procéder à leurs conférences de presse pour faire le bilan de la session parlementaire. Les députés ont convenu à l'unanimité mardi soir de suspendre les travaux de la Chambre des communes pour l'été.  

« C'est un choix difficile », a affirmé M. Rae, la voix parfois étreinte par l'émotion. Il a précisé qu'il devait toutefois faire ce choix en raison du travail de médiateur qu'il a entrepris en mai auprès d'un peuple du nord de l'Ontario, qui devenait de plus en plus exigeant. 

Bob Rae a été élu pour la première fois en 1978, à 30 ans, en tant que député fédéral du NPD. C'est lui qui avait présenté la motion qui avait entraîné la chute du gouvernement minoritaire de Joe Clark, l'année suivante. Cinq ans plus tard, à l'Assemblée législative de l'Ontario, il a présenté une motion semblable, qui a permis de remplacer le gouvernement minoritaire progressiste-conservateur par une coalition du Parti libéral et du NPD, dirigée par le chef libéral David Peterson. Il a été élu premier ministre néo-démocrate de l'Ontario en 1990 et est resté en poste jusqu'en 1995, dirigeant la province durant sa pire récession depuis les années 30.

Défait aux élections de 1995, il a oeuvré dans le secteur privé pendant une dizaine d'années, avant de faire un retour en politique active en 2006, briguant cette fois-ci le leadership du Parti libéral du Canada pour remplacer Paul Martin. Le principal adversaire de M. Rae dans cette course était son ami de jeunesse Michael Ignatieff, mais c'est finalement Stéphane Dion qui a remporté une victoire-surprise. M. Rae a été élu député de Toronto Centre dans une élection partielle en 2008. À la suite de la défaite électorale des libéraux la même année, il a été pressenti à nouveau pour diriger les troupes libérales. Mais il a cédé la voie à Michael Ignatieff. Il fait de même avec Justin Trudeau l'an dernier. Il a cité chaque fois l'importance d'éviter de nouvelles divisions au sein du Parti libéral pour expliquer son geste.  

En point de presse, mercredi, M. Rae a indiqué que la politique était devenue plus cruelle et partisane au cours de sa carrière. 

Justin Trudeau, qui se tenait à ses côtés, a salué son départ, et l'a qualifié de « grand chef dans une période très difficile pour le Parti libéral ».