Le gouvernement Harper compte étudier les «répercussions» du projet de loi de Québec qui ouvre la porte à l'euthanasie, a-t-il indiqué hier. Mais il laisse déjà entendre que l'initiative pourrait violer la loi fédérale.

Fruit d'une longue consultation, le projet de loi déposé par la ministre péquiste Véronique Hivon pourrait devenir une pomme de discorde entre Québec et Ottawa. C'est que le Code criminel - une loi fédérale - interdit le suicide assisté.

Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a fait savoir dans un communiqué qu'il se penchera sur le dossier. Dans sa déclaration, il n'a pas manqué de souligner que la Cour suprême a maintenu la constitutionnalité de la loi fédérale, en 1993. Il a également rappelé qu'un projet de loi privé visant à légaliser le suicide assisté, piloté par une députée bloquiste, a été battu aux Communes en 2010.

«Les lois qui interdisent l'euthanasie et le suicide assisté existent pour protéger tous les Canadiens et Canadiennes, y compris ceux et celles qui peuvent être les plus vulnérables, comme les personnes malades ou âgées et les personnes handicapées», a indiqué M. Nicholson.

Plus tôt dans la journée, des membres de son caucus qui sont connus pour leurs positions conservatrices en matière sociale ont critiqué le projet de loi de Québec.

Mark Warawa, ce député conservateur qui a récemment provoqué de vifs débats avec sa motion pour condamner l'avortement sélectif des filles, espère que son gouvernement contestera cette ouverture au suicide assisté. À ses yeux, le Québec tente de légaliser l'euthanasie «par la porte d'en arrière».

En matinée, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a indiqué qu'il souhaite lire le projet de loi avant de se prononcer. Le NPD n'a pas voulu commenter davantage ce dossier en fin de journée.

Le chef libéral, Justin Trudeau, a pour sa part indiqué qu'il ne souhaite pas s'ingérer dans le débat provincial. «Comme énormément de gens, j'ai bien de questions au niveau moral, légal, et j'ai des conflits moi-même à l'intérieur de ma propre position, a-t-il indiqué. Ce n'est pas une position facile à trancher alors je vais suivre attentivement le débat quand il se déroulera au Québec.»

Quant au chef bloquiste, Daniel Paillé, il exhorte le gouvernement Harper à ne pas contester le projet de loi québécois. «Je souhaite qu'ils tiennent compte de l'évolution de la société québécoise, qui est différente de la société canadienne.»