Ottawa a durci le ton contre l'Iran, mercredi, avec l'interdiction d'échanges commerciaux et l'ajout de noms à sa liste noire.

Pratiquement toutes les exportations ou importations avec l'Iran seront dorénavant interdites, tandis que 30 personnes et 82 organisations ont été inscrites à la liste noire du Canada en matière économique.

Mais dans un geste hors de l'ordinaire, le Canada fait en sorte que certains équipements de communication ne seront pas couverts par l'interdiction, ce qui démontre l'importance croissante attribuée à ce matériel pour contribuer à un éventuel changement de régime.

Le gouvernement canadien explique que ces exemptions visent à protéger les Iraniens qui utilisent les nouvelles technologies et à contrer la censure et la propagande du régime iranien.

Les téléphones cellulaires, les ordinateurs portables et les connexions Internet sécurisées ont aidé à alimenter les protestations en Iran lors de la dernière élection présidentielle, en 2009.

Depuis, Téhéran a resserré ses contrôles et décuple ses efforts de propagande. Plusieurs s'attendent à que cette tendance s'accélère avec l'échéance électorale qui approche, au mois de juin.

Ces sanctions traduisent l'inquiétude grandissante du Canada envers les ambitions nucléaires de l'Iran, a fait valoir le ministre des Affaires étrangères, John Baird.

«Nous avons perdu la foi dans la dictature militaire et cléricale rétrograde de l'Ayatollah, mais nous n'avons pas perdu la foi dans le peuple iranien», a déclaré M. Baird, mercredi.

Toutefois, ce ne sont pas toutes les technologies vendues par des entreprises canadiennes ou américaines qui se retrouvent entre les mains des militants pro-démocratie.

En 2011, une étude réalisée par des chercheurs de Harvard, de l'Université de Toronto et de l'entreprise SecDev, a démontré qu'au moins une entreprise canadienne avait fourni des logiciels utilisés par des gouvernements du Moyen-Orient pour censurer Internet dans leur pays.

La dernière série de sanctions du gouvernement canadien survient un mois après l'échec des pourparlers entre l'Iran et le Conseil de sécurité des Nations unies et l'Allemagne sur le programme nucléaire iranien.

L'effet des sanctions précédentes imposées par l'ONU et ses pays membres transparait dans l'économie iranienne. Le budget national approuvé la semaine dernière a été réduit de 36 pour cent comparativement à l'an passé.

La monnaie s'est aussi effondrée. Un dollar canadien vaut maintenant 35 000 rials, le triple de l'an dernier.