Vincent Auclair et Thomas Mulcair ont discuté ensemble en 2006, alors qu'ils siégeaient à Québec, de leur rencontre respective avec Gilles Vaillancourt au cours de laquelle l'ex-maire leur aurait tendu une enveloppe, a appris La Presse.

Mais l'actuel chef du NPD disait n'avoir aucune preuve que, dans son cas, il s'agissait d'une enveloppe remplie d'argent, même s'il se doutait de son contenu.

«En fait il ne m'a jamais parlé de l'argent, il ne m'a jamais proposé ou montré de l'argent», raconte Thomas Mulcair dans une déclaration sous serment qu'il a rédigée et remise en juillet 2011 aux policiers de l'escouade Marteau, que La Presse ainsi que le Globe and Mail ont obtenue.

«C'était une discussion à la fin d'une journée de travail, à la bonne franquette entre collègues et lui (Vincent Auclair) m'a raconté quelque chose qui était très similaire pour lui de ce que moi j'avais vécu à une importante différence près : je ne peux pas affirmer, parce que cela serait faux, que Gilles Vaillancourt m'ait jamais offert d'argent».

La semaine dernière, La Presse a révélé que l'actuel chef du NPD avait rencontré les policiers de l'escouade Marteau pour leur raconter ce qu'il lui était arrivé en 1994 alors qu'il faisait sa première campagne provinciale sous la bannière libérale.

Depuis, Thomas Mulcair s'est retrouvé sous le feu des critiques à Ottawa parce que, en novembre 2010, il avait publiquement nié s'être fait offrir une enveloppe d'argent par Gilles Vaillancourt.

Dans sa déclaration sous serment, il revient en détail sur cet épisode, mais il insiste sur l'incertitude concernant le contenu de la fameuse enveloppe :

«Dans la deuxième moitié de la campagne électorale provinciale de 1994, j'avais reçu le message que M. Vaillancourt désirait me voir. Je l'ai rencontré à l'hôtel de ville et [...] il m'a emmené dans une plus petite pièce. Lui, il s'assoit en face de moi et il me dit qu'il veut m'aider. Je dis "Mes organisateurs savent tout ce dont j'ai besoin." Et lui de toute évidence, il tenait quelque chose dans sa main, que je pouvais interpréter, et dans le contexte de ce qui est sorti avec Monsieur Ménard et Vincent Auclair, c'était clair que c'était quelque chose qui pouvait être interprété comme cela. Mais il ne m'a rien donné, il ne m'a jamais parlé d'argent.»

Le chef du NPD pèse vraiment ses mots dans son témoignage aux policiers :«Dans la mesure où le mot enveloppe est devenu synonyme, dans tout ce dossier là d'argent, je dois faire trèsattention».

Thomas Mulcair se souvient que Gilles Vaillancourt insistait en lui disant «Je veux t'aider» tout en lui montrant l'enveloppe qu'il tenait dans sa main.

«J'ai physiquement reculé car cela m'a rendu inconfortable cette situation. J'ai physiquement reculé. J'ai promptement mis fin à la réunion, je lui ai donné la main et je suis parti de là.»

Un peu plus loin, Thomas Mulcair révèle que Gilles Vaillancourt ne se serait pas laissé démonter par ce premier refus : «il me dit : «Non mais je veux t'aider» d'un air de dire «t'as pas compris» ».

Thomas Mulcair poursuit en disant qu'il n' «jamais eu d'autres rencontres de cette nature là avec Monsieur Vaillancourt». «On a gardé une relation assez professionnelle, ça s'était en 94, jusqu'en 2000. [...] Il n'a jamais été question après ça de quoi que ce soit, d'une offre de cette nature-là.»

Il dit que ses rapports avec l'ex-maire se sont toutefois «gâtés avec l'effondrement du viaduc du Souvenir». Thomas Mulcair voulait une enquête de la SQ. «Après ça nos relations étaient froides. Ça a continué lorsque j'étais ministre, j'étais carrément en conflit ouvert avec lui sur un certain nombre de dossiers notamment celui des milieux humides à Laval, et en particulier le domaine Islemere.»

Thomas Mulcair a été élu à trois reprises sous la bannière libérale provinciale dans Chomedey, en 1994, en 1998 et en 2003.

Dans sa déclaration faite aux policiers, Thomas Mulcair se porte aussi à la défense de son «ami» et ex-député de Vimont Vincent Auclair qui aurait changé plusieurs fois sa version de sa rencontre avec Gilles Vaillancourt en 2002.«Son histoire a changé trois fois en 24 heures, a dit une source libérale à La Presse il y a quelques jours. Il a d'abord ditavoir refusé l'enveloppe, puis de l'avoir rapportée et remise à son comité électoral pour ensuite donner une version qui était nébuleuse».«Vincent c'est un gars droit dans toute mon expérience avec lui, écrit Thomas Mulcair. Le chef du NPD évoque plutôt une«interprétation» que l'on comprend erronée à ses yeux des propos de son ex-collègue. «Ce n'est pas nécessairement ce que j'entends Vincent dire», dit Thomas Mulcair.

> Plus de détails dans La Presse de mercredi.