Deux ans et demi après avoir nié s'être fait offrir une enveloppe par Gilles Vaillancourt, Thomas Mulcair confirme à mots couverts qu'il avait rapporté à la police que l'ex-maire de Laval avait tenté de le corrompre.

Le chef du Nouveau Parti démocratique a affirmé hier qu'il a rencontré des enquêteurs en 2011 pour leur faire part d'un entretien qu'il avait eu avec l'ex-maire 17 ans auparavant.

«J'ai relaté une rencontre avec le maire Gilles Vaillancourt en 1994», a indiqué M. Mulcair dans une laconique déclaration écrite.

La Presse a révélé hier qu'au cours de cette rencontre, M. Vaillancourt a montré une enveloppe à M. Mulcair. Le chef du NPD, qui militait à l'époque pour le Parti libéral du Québec, s'est senti mal à l'aise dans cette situation et a vite mis fin à la conversation. Aux yeux de M. Mulcair, l'enveloppe que tenait M. Vaillancourt contenait de l'argent.

«Tel qu'indiqué, j'ai effectivement mis fin à la rencontre immédiatement», a indiqué M. Mulcair dans son communiqué.

«Puisque ce dossier est présentement devant les tribunaux, a-t-il ajouté, je m'abstiendrai de faire tout autre commentaire.»

Contradiction

En novembre 2010, l'ancien député provincial de Chomedey a assuré n'avoir jamais reçu d'argent ou s'être fait offrir une enveloppe par Gilles Vaillancourt. L'ex-maire est aujourd'hui accusé de gangstérisme en lien avec un système de corruption à l'hôtel de ville de Laval.

La Presse a cherché à savoir pourquoi M. Mulcair avait nié avoir reçu une enveloppe en novembre 2010. Le NPD a refusé de commenter l'affaire.

Les relations entre l'ancien ministre libéral et l'ex-maire de la troisième ville du Québec étaient notoirement tendues. Il avait déclaré à L'actualité en 2011 que ses ennuis avec le premier ministre Jean Charest ont débuté lorsqu'il a voulu légiférer pour protéger les milieux humides à Laval.

M. Mulcair a été expulsé du gouvernement Charest en 2006.

Les conservateurs se régalent

À Ottawa, hier, le gouvernement Harper n'a pas manqué de bondir sur les révélations de La Presse. Le leader parlementaire des conservateurs à la Chambre des communes, Peter Van Loan, a accusé le chef néo-démocrate d'avoir caché ce qu'il savait sur le maire de Laval pendant 17 ans.

Dans un communiqué, M. Van Loan lui reproche aussi d'avoir attendu deux ans avant de révéler qu'il a rencontré les enquêteurs pour dénoncer la situation.

«Mulcair a caché au public pendant deux ans ses connaissances privilégiées concernant la corruption, avant de décider de rompre le silence aujourd'hui, à un moment où il pensait que les médias seraient distraits par d'autres nouvelles», a-t-il déclaré, faisant référence au scandale qui entoure le sénateur conservateur Mike Duffy.