Quatrième cycliste québécois à participer au Tour de France, Hugo Houle n’a qu’une seule mission : soutenir le leader de l’équipe Astana, Jakob Fuglsang. Le coureur de Sainte-Perpétue est notre personnalité de la semaine.

Hugo Houle est en train de se faire masser lorsque nous le joignons deux heures après une étape relativement tranquille. La fatigue s’entend tout de même à l’autre bout du fil.

« Ça commence à entrer dans les jambes petit à petit, mais c’est une fatigue normale dans les circonstances. Je ne fais pas trop d’efforts inutiles non plus, alors, pour le moment, ça va bien. »

Âgé de 28 ans, Houle est le quatrième cycliste québécois à s’aligner sur la Grande Boucle après Pierre Gachon (1937), David Veilleux (2013) et Antoine Duchesne (2016). Il est cependant le premier à avoir roulé sur les routes du Giro (Tour d’Italie), de la Vuelta (Tour d’Espagne) et, donc, du Tour de France cette année.

Professionnel depuis 2011, le natif de Sainte-Perpétue n’est pas un débutant dans les pelotons. Il pose toutefois un regard neuf depuis le départ du Tour à Bruxelles. L’endroit est symbolique, tant le pays d’Eddy Merckx est reconnu pour son amour du vélo. Houle a ensuite été saisi par la dimension unique de l’épreuve. Tout y est « multiplié par deux », illustre-t-il.

PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, ARCHIVES REUTERS

L’équipe d’Hugo Houle en action

« C’était vraiment un beau départ. Il y avait une ambiance incroyable, avec la foule et la culture du vélo que l’on y retrouve, confirme le coureur de l’équipe Astana. Le Tour de France, c’est une course, mais c’est aussi la fête qu’il y a autour. Tout le monde est dehors à nous encourager, peu importe le village que l’on traverse. » 

C’est une ambiance festive que l’on ne retrouve pas sur les autres courses. Il y a aussi beaucoup plus de sollicitations.

Hugo Houle

À l’occasion, Houle croise des partisans d’ici qui agitent leurs drapeaux québécois ou canadiens. Après tout, ce n’est pas tous les ans qu’ils peuvent soutenir un coureur du cru. Cette année, le plaisir est doublé, puisque l’on retrouve également l’Ottavien Michael Woods.

« Je pense que tout le monde est content d’avoir quelqu’un à suivre pendant ces trois semaines du Tour. Ça fait chaud au cœur que les gens soient contents de ma présence. Ils reconnaissent le travail que j’ai investi au fil des dernières années pour me rendre là. »

De la télé à la réalité

Plus jeune, Houle regardait assidûment le Tour dans son salon, sans qu’il se projette nécessairement sur les routes de l’Hexagone. Ce n’est que dans « les quatre ou cinq dernières années » que le Tour est devenu son grand objectif. L’ancien pensionnaire des équipes SpiderTech-C10 et AG2R La Mondiale y est donc parvenu, cette année, en connaissant son rôle sur le bout des doigts.

Il est l’équipier modèle, celui qui se sacrifiera pour son leader, le Danois Jakob Fuglsang. Il roule « tout le temps avec une pensée pour l’équipe », résume-t-il. Sans ambitions personnelles au général, Houle n’est pas du genre à scruter son classement chaque soir.

« Je n’ai aucune idée de ma position en ce moment, reconnaît-il d’ailleurs. Ce n’est pas l’objectif du tout. Chaque jour, je travaille pour [Fuglsang] et pour qu’il soit au mieux. Dans mon cas, on ne peut pas tout le temps rouler à fond et il faut savoir tirer profit des situations. » 

Par exemple, [mercredi], on m’a demandé de me mettre en mode économique pour que je sois certain de faire un travail utile le lendemain.

Hugo Houle

La journée de mercredi, Houle est ainsi arrivé avec près de 15 minutes de retard sur le vainqueur de l’étape, Peter Sagan. Le lendemain, lors de la sixième étape, il devait accompagner du mieux possible son leader lors d’une étape marquée par la montée de la Planche des Belles Filles. L’ascension finale est de 7 km avec une pente moyenne de 8,7 %.

Catastrophe évitée

Cette arrivée était le premier grand rendez-vous de ce Tour de France. Le Tour de l’équipe Astana, et de Houle, a cependant failli basculer dès la première étape avec une chute de Fuglsang, l’un des favoris de la course. L’adage ne dit-il pas que l’on ne gagne jamais un Tour la première semaine, mais qu’on peut facilement le perdre ?

« Il était juste derrière moi, à ce moment-là, et je n’ai pas vu sa chute tout de suite. Je l’ai entendu, je me suis retourné, mais je ne savais pas qui était tombé, se remémore Houle. C’est mon coéquipier Magnus Cort Nielsen qui nous a avisés que Jakob venait de chuter. Automatiquement, je me suis relevé et je l’ai attendu pour les aider à revenir le plus rapidement possible.

« On est venus ici pour être autour de lui et on a fait beaucoup de sacrifices pour arriver prêts. Le premier jour, tout est presque tombé à l’eau, mais tout va bien finalement. C’est réglé. »

Malgré quelques points de suture et des égratignures, Fuglsang est reparti avec Houle à quelques mètres de lui. Si tout se déroule bien, c’est une image que l’on verra très souvent jusqu’à l’arrivée aux Champs-Élysées dans deux semaines. D’ici là, Houle devra encore parcourir plus de 2000 kilomètres, affronter des cols aussi difficiles que le Tourmalet, le Galibier ou l’Izoard et conserver son énergie pour protéger son leader. Ainsi va la vie d’un bon équipier.