Quand l'astronaute David Saint-Jacques est arrivé dans la Station spatiale internationale, le 3 décembre dernier, à plus de 400 km au-dessus de nos têtes, parti en mission pour six mois, il a dû, bien évidemment, apprendre à vivre et bouger en apesanteur et à trouver ses repères hors des balises traditionnelles que sont le haut et le bas. Mais il a aussi pris la peine de regarder, d'apprécier la vue de notre biosphère dans toute sa beauté et son unicité, un moment dont il avait toujours rêvé. L'astronaute de l'Agence spatiale canadienne est notre personnalité de la semaine.

« Je regarde la Terre de l'espace, c'est évident qu'on est tous des êtres humains sur la même planète », a-t-il raconté en conférence de presse, le 10 décembre, en direct de son avant-poste orbital. « Le fait que nous soyons canadiens, américains ou russes, c'est un détail culturel, mais ce n'est pas fondamental à qui nous sommes. »

« Ça devient très clair quand on voit notre belle planète de là-haut, ce vaisseau spatial dans lequel tous les êtres humains vivent, et on réalise à quel point il est important d'en prendre soin. »

- David Saint-Jacques

Né le 6 janvier 1970 à Saint-Lambert, celui qui est notre première personnalité de la semaine de 2019, l'astronaute québécois David Saint-Jacques, a un CV remarquable, comme tous les scientifiques sélectionnés membres du Programme spatial canadien. Il est à la fois ingénieur, astrophysicien et médecin de famille. Il a donc fait un premier baccalauréat en génie physique à Polytechnique, puis un doctorat en astrophysique à Cambridge, au Royaume-Uni, avant de faire son doctorat en médecine, à l'Université Laval. Il a ensuite fait sa résidence à la faculté de médecine de l'Université McGill, où il s'est spécialisé dans la pratique de la médecine de première ligne... en région éloignée. Mais pas juste dans l'espace. Avant d'être recruté par l'Agence spatiale canadienne, en 2009, il était médecin et codirecteur du département de médecine au Centre de santé Inuulitsivik, à Puvirnituq, sur la côte est de la baie d'Hudson.

Sa biographie est encore bien plus longue et complexe, puisqu'il a travaillé partout dans le monde sur différents projets scientifiques tant en génie et en astrophysique qu'en médecine. C'est en mai 2016 que le gouvernement canadien a annoncé qu'il ferait partie de la mission Expedition 58 dans la Station spatiale internationale.

En outre, le Dr Saint-Jacques est père de trois enfants et est passionné de voile et de plongée sous-marine. Parfaitement bilingue, il peut aussi converser en russe, en espagnol et en japonais...

Attiré par l'aventure

David Saint-Jacques n'a pas pu nous accorder d'entrevue de l'espace pour cet article, malheureusement. Depuis qu'il est là, il a toutefois donné une conférence de presse et lu un conte de Noël à des enfants de son école primaire, l'école des Saints-Anges, à Saint-Lambert. Il a même pris la peine de répondre à une petite fille qui lui demandait si, de là-haut, il pourrait voir le père Noël. Il lui a dit qu'il essaierait, car il pouvait effectivement voir le pôle Nord, et en plus, il avait de bonnes jumelles.

Lui-même, enfant, rêvait d'espace et de planète. Dans la page web que lui consacre l'Agence spatiale canadienne, il raconte qu'enfant, il a été « impressionné par les photos de la Terre prises depuis la Lune ». 

« J'y ai vu l'immensité de l'Univers autour de nous, la splendeur et l'évidente fragilité de notre planète, peut-on lire. En grandissant, j'ai été attiré par une vie d'aventure, d'exploration et de découvertes. Je ne pensais pas que devenir astronaute était une réelle possibilité, mais la fascination pour l'espace est demeurée en moi, et ce rêve d'enfant m'a motivé à m'épanouir comme être humain. J'ai voulu tout apprendre, tant les sciences que les cultures du monde. Pour être un explorateur, je devais aussi devenir un adulte responsable et digne de confiance. Les occasions de découvertes se sont présentées sous toutes sortes de formes : par la science, la médecine, la vie à l'étranger. »

« Lorsque j'ai appris un jour qu'on recrutait des astronautes, le rêve est revenu, et le petit garçon de jadis m'a convaincu de poser ma candidature. »

- David Saint-Jacques

Et lorsqu'on lui demande ses conseils pour les jeunes, il répond ainsi : 

« J'encourage les jeunes à avoir un rêve, si possible fou, grand et impossible. Et à garder en tête que ce n'est pas grave s'ils ne l'atteignent pas. L'importance d'un rêve, c'est de fournir une direction, pas nécessairement une destination. Il faut chérir ses rêves et se laisser guider par nos idéaux, tout en restant ouvert aux possibilités qui se présentent en chemin. Surtout, il ne faut pas se considérer en situation d'échec si, à la fin, on aboutit ailleurs que prévu. Si chaque étape est une expérience positive, alors le résultat final sera le bon. »

Un plan de match pour 2019 ?

L'astronaute en quelques choix

Un livre : Terre des hommes, d'Antoine de Saint-Exupéry

Un film : For All Mankind, d'Al Reinert

Un personnage historique : Albert Einstein 

Un personnage contemporain : « Je suis toujours impressionné par ceux qui doivent faire face à une extrême adversité - maladie grave, guerre, catastrophe - et qui arrivent à rester sereins malgré tout. J'admire sincèrement ceux qui démontrent de la résilience, trouvent un sens à leur vie en dépit de tout le non-sens qu'ils peuvent vivre. Sauver le bonheur, c'est vraiment héroïque. » 

Une phrase : « Ce qui mérite d'être fait mérite d'être bien fait. »

Une cause : Voir notre planète de haut, « ça donne le goût de revenir sur Terre et de la rendre meilleure ».