Une nouvelle génération de grandes cyclistes attire à nouveau l'attention sur le Québec. Au tout premier plan, on y retrouve nos deux personnalités de la semaine : Karol-Ann Canuel et Simone Boilard.

Karol-Ann Canuel, qui a 30 ans et est originaire d'Amos, en Abitibi, s'est classée au début du mois au sixième rang mondial en course sur route féminine, « le meilleur classement canadien en plus de 20 ans à cette épreuve et un résultat inégalé pour une cycliste québécoise », en a dit mon collègue Simon Drouin. D'autres journalistes ont affirmé qu'elle avait écrit une page d'histoire sur le circuit d'Innsbruck, en Autriche. Un exploit.

Simone Boilard, 18 ans, de Québec, qui vient de signer chez les professionnelles et s'apprête à entamer une autre étape de sa vie d'athlète, a remporté quant à elle un ultime honneur chez les juniors, la médaille de bronze sur le même circuit. Un autre grand exploit sur route.

C'est à Gatineau, où elle a déménagé pour ses études en sciences infirmières il y a quelques années, que j'ai joint Karol-Ann pour cette entrevue. Elle n'y passe pas énormément de temps. Depuis qu'elle a terminé l'université, elle se consacre à temps plein au vélo et s'est trouvé un pied-à-terre à Gérone, en Espagne, d'où elle rayonne sur le circuit européen avec son équipe néerlandaise, Boels-Dolmans.

Karol-Ann ne se rappelle pas quand elle a enfourché un vélo pour la première fois, mais elle se souvient qu'à 12 ans, quand son père lui a acheté sa première bicyclette de course, ce fut le début d'une passion. « J'ai vraiment eu la piqûre. »

En Abitibi, il y a quelques bosses, peu de longues montées ou de longues descentes, bien des circuits en aller-retour et de rares pistes cyclables, mais la jeune fille fait du vélo tout le temps et gagne... Sa mère est infirmière, son père inhalothérapeute. Il la conduit à ses courses, inlassablement, durant ses années à la polyvalente et au cégep d'Amos. Quand vient le temps d'entrer à l'université, elle part pour Gatineau, où elle découvre le bonheur de pouvoir s'entraîner en faisant des boucles.

« Est-ce que l'Abitibi me manque ? Non, à part ma famille. Je ne retournerais pas faire des allers-retours. » - Karol-Ann Canuel

Que fera-t-elle après le vélo ? Elle ne le sait pas encore. Elle ne deviendra probablement pas infirmière. « C'est une bonne question, et c'est épeurant. » Mais elle n'en est pas là.

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PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

La cycliste Karol-Ann Canuel s'est classée au début du mois au sixième rang mondial en course sur route féminine.

Simone Boilard ne se rappelle pas non plus quand elle est montée pour la première fois sur un vélo, mais ses parents lui ont raconté qu'elle adorait faire du vélo avec eux sur ces « girafes » qu'on accroche à l'arrière de la bicyclette des parents et qui permettent aux petits de pédaler. Durant son enfance à Limoilou, elle est sur deux roues partout, tout le temps. À 5 ans, elle commence la compétition avec sa soeur, de cinq ans son aînée, qui a depuis bifurqué vers les études pour devenir avocate. Sa soeur cadette, elle, fait de la nage synchronisée et progresse merveilleusement bien, explique fièrement Simone, précisant qu'elle s'est rendue aux Jeux panaméricains au Chili en 2017. Une autre championne.

Les parents de la jeune famille sont de grands sportifs qui suivent et encouragent Simone sans cesse, dit-elle. « Le sport, ça fait partie de nous. »

Son père, qui est massothérapeute et professeur de Pilates, a lui-même déjà été skieur de haut niveau avant de se consacrer au triathlon et au vélo en particulier. C'est lui, Pierre Boilard, qui a gagné le premier Défi Bonneville de 808 km en roulant plus de 30 heures... Sa mère, Mireille Dion, est aussi une sportive, mais son travail à temps plein consiste à gérer des écoles et, aujourd'hui, elle est directrice adjointe de la commission scolaire de la Capitale, à Québec. 

Quand elle était enfant, Simone rêvait de travailler elle aussi dans une école et voulait être enseignante. Aujourd'hui, celle qui aime bien aussi, quand elle le peut, faire de la marche ou du vélo de montagne, pense plutôt aux communications. Mais elle n'est pas rendue là. Elle veut terminer le cégep. Aller ensuite à l'université. Et rouler.

Bientôt elle reprendra l'entraînement intensément en Arizona.

Et elle étudiera à distance. Elle est inscrite au cégep à distance en sciences humaines, ce qui lui permet de passer ses examens même en Arizona !

Et le sport, avec une équipe professionnelle nord-américaine dont elle ne peut encore dévoiler le nom, tracera son avenir proche.

Sa carrière de cycliste ne fait que commencer.

Photo Rob Jones, fournie par Simone Boilard

Simone Boilard a remporté une médaille de bronze sur le circuit d'Innsbruck, en Autriche.

KAROL-ANN CANUEL ET SIMONE BOILARD EN QUELQUES CHOIX

SIMONE BOILARD

Un film

Love Actually

Un livre

« Dans mes lectures récentes, j'ai beaucoup aimé N'essuie jamais de larmes sans gants, de Jonas Gardell. »

Un personnage historique

Léonard de Vinci

Un personnage contemporain

Serena Williams

Une citation

« Tous les hommes pensent que le bonheur réside au sommet de la montagne, alors qu'il réside plutôt dans la façon de la gravir. » - Confucius

Une cause

 « Toutes les causes qui touchent les conditions humaines me bouleversent. Je manifesterais dans la rue pour les enfants du Yémen qui souffrent de malnutrition. »

KAROL-ANN CANUEL

Un film

Hitch, avec Will Smith

Un livre

La série Harry Potter

Un personnage contemporain

Clara Hughes

Une phrase

« Rien n'arrive pour rien. »

Une cause

« Bonne question. Il faudrait que ça soit vraiment quelque chose d'important pour que j'aille dans la rue pour manifester parce que ce n'est pas quelque chose que je me vois faire. »