Après 15 ans d'efforts, trois deuxièmes rangs, trois troisièmes rangs et quatre quatrièmes rangs, le patineur de vitesse a finalement terminé au premier rang au terme des Championnats du monde de courte piste. Le patineur est notre personnalité de la semaine.

Charles Hamelin en rêvait.

C'est finalement arrivé.

Dimanche dernier, devant le public montréalais, ses premiers fans, à l'aréna Maurice-Richard, il a été sacré champion du monde de patinage de vitesse sur courte piste.

« C'est la compétition la plus grandiose, a-t-il expliqué en entrevue. Et j'étais prêt. J'ai patiné comme je n'avais jamais patiné dans ma vie. »

L'athlète né à Lévis, mais qui a passé sa vie à Sainte-Julie, n'entend plus mettre fin à sa carrière, comme il l'avait déjà affirmé. « J'ai changé d'idée. » Il entend poursuivre sa route, en prenant un défi à la fois, une année à la fois. Sera-t-il aux Jeux olympiques de Pékin en 2022 ? Il ne le sait pas. Mais l'impossibilité du projet n'est plus. La porte est rouverte. Il sera aux Championnats du monde l'an prochain.

Ensuite, il verra.

« Je vais réévaluer ça en cours de route. »

Maintenant âgé de 33 ans, Hamelin a commencé à patiner à l'âge de 9 ans. C'est son frère François, de deux ans son cadet, lui aussi membre de l'équipe canadienne et maintes fois médaillé, qui a commencé le premier. En allant le voir patiner et en participant à certaines activités familiales du club de patinage de course de Sainte-Julie où il était inscrit, Charles a commencé à prendre goût à ce sport.

Puis leur frère cadet Mathieu a embarqué lui aussi. Leur père, spécialiste en santé et sécurité en grande entreprise, est devenu entraîneur. Et plus tard, après les Jeux de Turin, directeur de l'équipe canadienne. Leur mère ? Il n'y a pas un lunch qu'elle n'a pas préparé, pas une fois où elle n'était pas au poste pour encourager et transporter les athlètes, beau temps, mauvais temps. « C'est ma supporter numéro un », dit le sportif.

Mathieu a arrêté à l'âge de 12 ans et il fait aujourd'hui carrière dans un autre domaine très exigeant, mais totalement différent : il est monteur de lignes aux quatre coins du pays.

François prend sa retraite cette année.

Marianne St-Gelais, l'ex de Charles, une autre championne, range elle aussi ses patins.

Et Charles ? Il continue.

Cela ne l'empêche pas de penser à une vie après la compétition, en dehors de la course. Il a investi, s'est investi, dans une entreprise d'accessoires de patinage sur longue et courte piste : Nagano Skate. On y produit d'abord et avant tout des aiguisoirs pour les lames, des produits ultraprécis vendus partout dans le monde. Les six entrepreneurs ont aussi conclu une entente avec Louis Garneau pour vendre des casques. Il y a également des couvre-chaussures. Charles teste tout ça. Et c'est fabriqué en partie près de Rivière-du-Loup, en partie près de Québec, explique-t-il.

Le sport est-il en croissance ? La demande est-elle forte ? « Oui, répond le patineur. Depuis Vancouver, le boom ne s'estompe pas. Les gens tripent. »

La clé de cette popularité ? Les gens qui parlent du sport, croit Hamelin, qui avoue avoir été porté par ses modèles de jeunesse. Marc Gagnon, Éric Bédard, Jean-François Monette, pour ne nommer que ceux-là.

Les rejoindre dans l'équipe canadienne, patiner avec eux a toujours été de grands moments. 

« Quand tu réussis à rejoindre tes idoles, tu peux dire mission accomplie. » - Charles Hamelin

Autre grand moment dans la vie du sportif : les derniers Jeux olympiques, en Corée du Sud, où ce sport est une passion nationale, comme le hockey ici. « C'est incroyable, là-bas tout le monde connaît les statistiques, ils savent tout ! Même plus que moi sur mes propres médailles. Le peuple coréen capote sur la courte piste. Et ils ont du respect pour tout athlète d'exception. »

Mais pour Charles Hamelin, la compétition à PyeongChang ne s'est pas aussi bien déroulée qu'il l'aurait voulu. Le médaillé d'or de Vancouver, qui en était à ses quatrièmes Jeux, a dû se contenter du bronze au relais 5000 m.

Peu importe.

Les Championnats du monde, tenus à Montréal, comme en 2014, en 2002 et en 1987, ont tout racheté. En grand.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La victoire a poussé l'athlète à repousser sa retraite annoncée.

Charles Hamelin en quelques choix

UN LIVRE

« J'adore la trilogie du Seigneur des anneaux [de J. R. R. Tolkien]. Pour moi, il n'y a rien de mieux qu'une histoire alliant un univers fantastique et des personnages auxquels je m'identifie. »

UN FILM  

Avatar. « Tout comme dans ma lecture, j'aime les univers fantastiques, colorés et irréels. Avatar a été un coup de coeur visuel pour moi ! »

UN PERSONNAGE HISTORIQUE 

Pierre de Coubertin. « C'était un homme très moderne pour son époque, par son idée d'internationaliser le sport. Il a su défier ses détracteurs pour instaurer les Jeux olympiques modernes que l'on connaît aujourd'hui. »

UN PERSONNAGE ACTUEL 

Roger Federer. « Pour l'athlète qu'il est, mais aussi l'homme qu'il représente. D'aussi loin que je me souvienne, Roger est mon idole dans le monde du sport. Il a une force tranquille que j'admire et il s'impose par sa prestance sur un court de tennis. »

UNE PHRASE

« Crois en toi. » « Je pratique un sport individuel et avant chaque départ, je me répète cette phrase. Quand je crois en moi, j'ai confiance, je suis concentré et j'attaque la glace. »

UNE CAUSE

« Je ne m'engage pas beaucoup dans les manifestations populaires, mais un sujet qui me touche à tout coup est la parité salariale entre les femmes et les hommes. Si j'avais une pancarte à brandir fièrement, il y serait fort probablement écrit "Femmes = Hommes". »