Avis aux parents d'adolescents et aux adolescents : un job d'été peut tout changer. Éric Dupont, lui, cet emploi crucial, c'est celui qu'il a eu quand il était tout jeune dans les laboratoires de son oncle André. Cet oncle médecin était à la recherche - couronnée de succès - d'un remède contre le cancer de la prostate.

Résultat : fasciné par le processus, poussé vers la recherche par ce qu'il appelle « la voie royale », Éric a fait sa carrière en science, en recherche, en développement et en commercialisation de médicaments, de produits nutritionnels et pharmaceutiques. Une carrière de sciences et d'affaires. Et toute une carrière.

L'une des entreprises fondées par notre personnalité de la semaine, Atrium Innovations, démarrée à Québec en 1999, a été vendue en 2013 à la société européenne Permira au prix de 1,5 milliard, mais son siège social est resté à Montréal. Elle vient d'être acquise par Nestlé pour 2,9 milliards. Oui, on parle bel et bien de milliards. Et de ce qu'est devenu, dit Éric Dupont, le travail de postdoc d'un jeune homme de Québec.

« Atrium, ce sont des milliers de produits », explique Éric Dupont, 52 ans, en entrevue. Mais c'est surtout le résultat de ses recherches postdoctorales, après des études en physiologie et en endocrinologie, recherches portant notamment sur les produits de santé nutritionnelle. Atrium, c'est une entreprise qui produit et vend tant des multivitamines que des anti-inflammatoires ou des souches de probiotiques.... Nestlé l'a acquise pour intégrer tous ces ingrédients utiles dans ses propres solutions médico-nutritionnelles.

Éric Dupont tient à souligner qu'il n'était pas seul dans cette aventure. Il y avait aussi son frère Luc et sa soeur Sonia, qui s'est jointe à eux quelque temps après le démarrage.

« On est partis de zéro », précise l'homme d'affaires. L'entreprise a maintenant entre 700 et 800 millions de revenus annuels.

Mais Atrium n'est pas le seul bébé de ce scientifique entrepreneur et de son frère Luc. Il y a eu aussi et d'abord une entreprise de biotech, AEterna Zentaris, à la recherche de médicaments oncologiques, notamment. Elle aussi a été vendue et son évolution a été moins explosive que celle d'Atrium. Mais AEterna a longtemps été un des chouchous de l'industrie biopharmaceutique au Québec.

Parmi les bébés de Dupont, Dupont et Dupont, il y a de plus Unipex, entreprise qui développe et distribue des ingrédients entrant dans la composition de produits de beauté.

« On l'a vendue pour 200 millions en 2007, elle a été revendue ensuite 300 millions [au géant de l'assurance français] Axa », explique M. Dupont. Pendant les belles années, explique l'homme d'affaires, il y avait 2000 clients institutionnels, dont les Estée Lauder et Chanel de ce monde, qui mettaient les produits Unipex dans leurs crèmes avant de les marketer sous leur propre marque. « On vendait pour 30, 40 millions à L'Oréal. »

Sauf que, explique M. Dupont, Unipex développait des ingrédients actifs qu'elle trouvait bien efficaces, mais que les entreprises de produits de beauté n'utilisaient pas dans des concentrations optimales. « Elles en mettaient moins, c'était donc moins efficace... »

Idée des Dupont : développer des ingrédients actifs et les vendre à leur façon, avec les bonnes concentrations. C'est ainsi qu'est née leur quatrième entreprise, IDC, marque de produits de beauté maintenant vendue ici. I pour intégrale, D pour dermatologie et C pour correction. On parle ici de crèmes contre le vieillissement et antisolaires notamment. Des produits nouvelle génération pour mieux protéger la peau.

« On découvre constamment de nouveaux effets du soleil sur la peau, l'effet des infrarouges notamment. Les soins solaires doivent vraiment évoluer. »

Cette entreprise, IDC, Dupont ne l'a pas vendue. Il s'en occupe activement. Tout comme il veille sur la mise en marché d'un livre paru cet automne, La vie intégrale, écrit avec plusieurs autres spécialistes, qui se veut une bible sur l'art de la prévention pour vivre 100 ans, « en santé et heureux ».

Avec cet ouvrage, dit-il, « je veux faire une différence significative dans le monde ». Les connaissances augmentent sans cesse, explique l'homme d'affaires et scientifique. Sur le stress, la nutrition, l'exercice, l'exposition aux produits néfastes, les habitudes de vie... Il fallait juste les réunir, aider les lecteurs à les mettre en application.

Éric Dupont est né à La Baie, à Port-Alfred, plus précisément, dans une famille de quatre enfants. Son père était policier. Son oncle, le fameux André, médecin. Ses racines, il ne les a pas perdues, et dans ses multiples oeuvres philanthropiques, en plus des musées d'art, des hôpitaux, de l'Université Laval, où il est parti étudier à 18 ans, il y a le musée du Fjord. Éric Dupont n'a pas d'enfants, c'est l'un des choix qu'il a dû faire en cours de route pour bâtir toutes ces entreprises. « Il y a un prix à payer », note-t-il. « Ça ne se fait pas tout seul. On est partis d'une feuille blanche. Pas un sou. »

Et même s'il a ralenti, sa mission continue. Il a des livres et des crèmes à vendre dans le monde entier. Unipex avait des clients dans 35 pays, Atrium dans 50 pays. Maintenant, IDC est dans six pays, dont l'Inde. « On poursuit dans le même esprit. On se sert de la science comme levier. Nos produits ne feront pas de miracles, dit-il. Mais ils sont efficaces. »

Éric Dupont en quelques choix

UN LIVRE ?

The Intellectual Devotional, ouvrage qui propose 365 éléments de connaissance, tant en histoire qu'en science, en musique ou en littérature, pour rafraîchir son savoir et faire des découvertes. Écrit par David Kidder et Noah Oppenheim, paru en 2006, ce best-seller a donné lieu à une série.

UN FILM ?

« Le bonheur est dans le pré (le film d'Étienne Chatiliez avec Michel Serrault) qui m'avait beaucoup touché. »

UNE CITATION ?

«Le plus grand danger pour la plupart d'entre nous n'est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu'il soit trop bas et que nous l'atteignions.» - Michel-Ange

UN PERSONNAGE HISTORIQUE ?

Léonard de Vinci, «mon idole de toujours, qui a tous les talents».

UN PERSONNAGE CONTEMPORAIN ?

Le dalaï-lama.

UNE CAUSE POUR LAQUELLE MANIFESTER ?

«Je ne manifeste jamais, mais si je le faisais, ça serait pour la protection et la défense des droits de la personne. On est chanceux au Québec pour ça. Sur ma pancarte, j'écrirais simplement: "Liberté".»