Paul Raymond a un rêve. Que Montréal devienne la « Silicon Island ». L'île de l'informatique. De la même façon que la région entre San Francisco et San Jose, autour de l'Université Stanford, est devenue la « Silicon Valley ».

« On a tout pour ça », lance notre personnalité de la semaine, qui a gagné récemment le Grand Prix Créateur d'emplois et de prospérité du Québec, parce que son entreprise spécialisée dans les technologies numériques, Alithya, avait été le plus grand créateur d'emplois des deux dernières années. « On a un environnement politique stable, de la main-d'oeuvre, du savoir-faire, de l'énergie pas chère, pas de tremblements de terre ni d'ouragans, de la réfrigération naturelle... OK, peut-être une tempête de neige une fois de temps en temps... »

Si Israël peut devenir un leader, nous aussi, dit-il.

« Imaginez si Amazon venait. Faudrait juste pas se plier en quatre pour les avoir... »

- Paul Raymond

Alithya, que M. Raymond a fondée et dirige, est une entreprise en croissance dans le domaine des technologies de l'information (TI), donc qui apporte des solutions informatiques. Elle est issue de la côte de CGI, où l'ingénieur informatique a travaillé pendant de nombreuses années.

Au départ, le jeune homme d'Asbestos rêvait d'être architecte. Son père était policier, sa mère franco-américaine était professeure d'anglais.

Mais alors qu'il termine son secondaire au Richmond High School et que les ordinateurs personnels sont encore à leurs balbutiements, il bifurque. « Je me suis acheté un TRS-80 ! » Cet ordinateur produit et vendu par RadioShack le rend plus qu'heureux. En fait, c'est carrément la révélation. Il programme, s'amuse. Et décide que c'est ce qu'il veut construire.

À cette époque, le génie informatique s'enseigne à Waterloo et au Nouveau-Brunswick, et le jeune homme voit difficilement comment il pourrait financer un tel projet. Mais le programme est aussi offert au collège militaire de Saint-Jean, où il décide de s'inscrire en 1981. Il y fera son cégep, puis ses études universitaires d'ingénieur, qui seront achevées à Kingston. Il restera dans l'armée 11 ans et demi.

Puis commence l'aventure avec CGI, le géant des TI, en 1993, où il occupe divers postes. On lui confie notamment la tâche de développer le marché de l'est des États-Unis et il s'installe à Boston pendant 12 ans. C'est là que naîtront ses deux fils. « Quelque part, j'étais déjà un peu entrepreneur parce que je roulais ma propre business », explique-t-il.

Mais alors qu'il est là-bas, le rêve de devenir vraiment entrepreneur revient. Celui de rentrer au Québec aussi, pour que ses enfants connaissent leurs racines.

Une occasion se présente : une boîte de Québec, CIA, est à vendre. Une entreprise issue des activités informatiques au sein du Mouvement Desjardins. M. Raymond se dit qu'il pourra faire grandir cette entreprise capable d'apporter des solutions très précises, réellement sur mesure. Le concept clé : la communication entre le client et ceux chargés d'apporter la solution afin que tous les aspects soient réellement considérés dès le départ.

C'est ainsi que M. Raymond quitte CGI après avoir vu l'entreprise passer de 500 employés, en 1993, à quelque 30 000 quand il est parti. Et en 2012, Alithya était lancée.

Maintenant, chez Alithya, la croissance va aussi bon train. La société a d'ailleurs gagné le Grand Prix de l'entrepreneur d'EY, en plus du premier Grand Prix Créateur d'emplois et de prospérité du Québec, remis récemment lors d'un gala à Québec en présence du premier ministre Philippe Couillard, parce qu'elle a créé 909 emplois en 2015-2016. C'était la première fois que ce prix mis sur pied par le Conseil du patronat, Fondaction et la Corporation des parcs industriels de Québec était décerné.

M. Raymond est fier de ces prix et de la reconnaissance que La Presse lui accorde, mais comme tant d'autres avant lui, il insiste : tout cela est le fruit d'un travail d'équipe. Et de la place dans l'équipe, il y en a. L'embauche dans ce secteur va extrêmement bon train. Et si M. Raymond a une cause qui lui tient à coeur aujourd'hui, c'est celle de l'éducation, afin que tous les jeunes puissent participer pleinement à cette économie de demain que les Montréalais comme lui sont en train de construire.

« Maintenant, le numérique est partout. De l'épicerie à la banque, ce mouvement ne ralentira pas. Soyons prêts. »

PAUL RAYMOND EN QUELQUES CHOIX

UN LIVRE ?

Les piliers de la terre de Ken Follett

UN FILM ?

La vie est belle de Roberto Benigni

UNE CITATION ?

« Vivez comme si vous deviez mourir demain, apprenez comme si vous deviez vivre éternellement. » (Gandhi)

UN PERSONNAGE HISTORIQUE ?

Léonard de Vinci

UN PERSONNAGE CONTEMPORAIN ?

Warren Buffett

SI VOUS DEVIEZ ALLER MANIFESTER, CE SERAIT POUR QUELLE CAUSE ET QU'ÉCRIRIEZ-VOUS SUR VOTRE PANCARTE ?

« Je manifesterais pour la persévérance scolaire et ça me prendrait une grosse pancarte, qui dirait : "Les enfants sont notre futur. Le futur sera numérique. Investissons dans leur éducation numérique maintenant !" »