Fils d'immigrants italiens, il est parti de rien pour faire fortune en bâtissant son propre petit empire de vêtements pour hommes. Ernest Iarrera, «Ernie» pour les intimes, s'est éteint en Floride des suites d'un infarctus. Il avait 81 ans

La première boutique Ernest a vu le jour en 1958 au centre-ville de Montréal. Plus de 55 ans plus tard, le détaillant de vêtements compte 37 magasins et 350 employés aux quatre coins de la province.

Cette réussite, l'entreprise la doit sans aucun doute au travail acharné et à la détermination de son fondateur. Issu d'un milieu populaire, Ernest Iarrera a grandi à Montréal avec ses quatre frères et soeur dans un duplex du quartier Rosemont. Dès l'âge de 8 ans, il perd son père, un vétéran de la guerre, d'une maladie des poumons.

Très jeune, il doit donc quitter l'école et travailler pour aider sa mère, couturière dans une usine de robes. C'est auprès deson oncle Tony, tailleur, qu'il fait ses débuts dans l'industrie et apprend les rudiments le métier. À 26 ans, il ouvre son premier magasin rue Sainte-Catherine Ouest qu'il surnomme «Ernest et frères». Plusieurs autres boutiques suivront, d'abord à Montréal, puis, à partir des années 80, dans le reste du Québec.

Les années 60 constituaient un terrain fertile pour cet entrepreneur autodidacte ou «self-made man», estime Gilles Calestagne, un proche qui travaille depuis 40 ans au sein de l'entreprise. «On était à l'époque de la Révolution tranquille, celui qui avait de l'entregent pouvait devenir entrepreneur dans les domaines différents. Des magasins comme Le roi du meuble, il y en avait de toutes sortes qui ouvraient à gauche et à droite», dit-il.

Au fil des années et malgré de nombreux défis, Ernest a su tailler sa place dans l'industrie du vêtement: la délocalisation de la production vers des pays tiers et l'arrivée massive des détaillants étrangers sur le marché québécois, entre autres.

La clef du succès d'Ernest? Avoir su trouver des fournisseurs à l'étranger tout en fabriquant ses vêtements sous sa propre étiquette. «On achète des tissus européens et on les fait fabriquer notamment en Turquie. Ce sont des vêtements de travail haut de gamme, mais vendus à prix moyen à haut», indique sa fille Carolyn qui, comme son frère Mark, travaille au sein de l'entreprise familiale.

Court et robuste, «Ernie» avait de l'énergie à revendre. Ses proches et amis se souviennent d'une personne passionnée par son travail, et surtout très généreuse avec ses employés, qu'il traitait comme sa famille. Malgré son âge avancé, Ernest Iarrera a continué à travailler jusqu'au dernier jour de sa vie.

Outre ses enfants Carolyn et Mark, il laisse dans le deuil son épouse Gisèle. La famille accueillait les visiteurs mardi dernier au Complexe funéraire Mont-Royal.