Femme de convictions, Isabelle Bayard Pallascio a milité pendant des années pour que les enfants québécois profitent d'une éducation basée sur les valeurs catholiques. Ceci même durant une époque où une telle mission était plutôt hardie dans un Québec plus porté vers la laïcité que vers la religion. Mme Pallascio, véritable pilier de l'Association des parents catholiques du Québec (APCQ), s'est éteinte le 27 mars à l'âge de 94 ans.

Membre fondatrice de l'association, Isabelle Bayard Pallascio y a travaillé bénévolement pendant une quarantaine d'années, notamment à titre de présidente de la section Montréal. «Son but était de veiller à l'éducation des enfants et à la transmission des valeurs familiales et religieuses», indique Diane Joyal, actuelle présidente de l'APCQ. Depuis 1966, l'APCQ a entre autres lutté contre la déconfessionnalisation des écoles, pour le droit à l'exemption des cours d'éducation sexuelle et pour la conservation des écoles privées.

L'organisme invitait également les parents catholiques à s'engager dans la politique scolaire. D'ailleurs, le plus jeune fils d'Isabelle Bayard Pallascio, Michel Pallascio, a été commissaire et président de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM). «Elle ne m'a jamais poussé dans cette voie par contre, assure-t-il. En fait, ma mère a été plutôt surprise de ma décision.»

L'organisme est souvent intervenu dans les débats touchant l'éducation, particulièrement la déconfessionnalisation des écoles. «Il avait un certain pouvoir dans l'opinion publique», souligne Jean-Pierre Proulx, ancien journaliste spécialisé dans les questions religieuses et l'éducation et ancien président du groupe de travail sur la religion à l'école. «Il avait aussi l'appui de l'archevêque de Montréal»,

À la fin des années 70, l'APCQ s'est notamment opposé à la révocation du statut catholique de l'école Notre-Dame-des-Neiges à Montréal. L'affaire avait fait grand bruit à l'époque. Le juge Jules Deschênes, de la Cour supérieure, leur avait donné raison. Il a déterminé qu'en vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, les écoles élémentaires de la CÉCM devaient être catholiques.

Depuis, les choses ont néanmoins bien changé. «Malgré l'adversité, les épreuves et les contestations, elle a su faire preuve de persévérance et de courage, note Mme Joyal. Pour moi, elle a été une mentor. C'était une femme de tête, elle avait du charisme. Elle avait une grande foi et la conviction qu'elle pouvait aider la société.»

Une femme engagée

Mme Bayard Pallascio a enseigné quelques années dans une école primaire de Montréal. Elle a ensuite fondé sa famille et s'est consacrée à l'éducation de ses trois enfants. En plus de son travail bénévole à l'APCQ, elle s'est aussi engagée dans d'autres organismes. Elle a notamment fait partie du mouvement des scouts et guides pendant plus de 60 ans, devenant d'ailleurs l'une des membres fondatrices de l'Amicale des scouts et guides de Montréal et organisatrice de plusieurs camps pour les jeunes et les personnes handicapées.

Son engagement social a été souligné en 2004. Elle a reçu le prix du Gouverneur général pour l'entraide. «Elle ne cherchait pas les honneurs, mais elle en était très fière», se rappelle M. Pallascio.

Les funérailles d'Isabelle Bayard Pallascio ont eu lieu hier à l'église Saint-Antoine-Marie-Claret.