Charles Bury a marqué l'histoire des médias canadiens. Il a dirigé le journal Sherbrooke Record pendant 16 ans, en plus de présider l'Association canadienne des journalistes. Le 1er février dernier, il s'est éteint à l'âge de 67 ans.

Avant son entrée au magazine Townships Sun au milieu des années 70, Charles Bury a testé différents métiers: technicien en laboratoire, mineur, travailleur d'usine, videur de bar. Le Montréalais a finalement trouvé sa voie lorsqu'il a essayé le journalisme.

«Mon père n'avait aucun diplôme, mais il était un grand autodidacte qui retenait absolument tout, souligne son fils Luke Bury. Les gens qui le côtoyaient disaient qu'il était l'une des personnes les plus intelligentes qu'ils connaissaient. Il aimait raconter des histoires et il désirait une plateforme pour effectuer des changements sociaux. Il avait aussi de grandes qualités de photographe.»

Curieux de nature, l'homme était reconnu pour sa capacité à écrire et parler d'à peu près tous les sujets. «Un jour, alors qu'il participait à une émission à CBC, la réalisatrice a réalisé qu'aucun sujet de discussion n'avait été prévu avec mon père. Du haut de mes 12 ans, j'avais suggéré à la dame de choisir le sujet qui n'aurait pas été traité dans le reste de l'émission. Ils ont finalement échangé sur le système d'aspiration pour enlever la sève des érables. Mon père avait lu une fois ou deux sur le sujet, et il avait tout retenu.»

Rédacteur en chef du Sherbrooke Record de 1980 à 1996, Charles Bury a été le mentor d'une quantité impressionnante de journalistes débutants. «Malgré son manque de formation dans le domaine, mon père leur a montré à être des journalistes justes et responsables. Comme le journal payait très peu, ils restaient entre une et trois années, et partaient ensuite vers d'autres journaux.»

Le journaliste a également initié ses enfants Luke et Rachel à l'univers d'une salle de rédaction. «On passait beaucoup de temps au journal à le regarder travailler ou à lire les nouvelles qui rentraient. On aimait beaucoup feuilleter les archives de photos. Malgré son travail, il a toujours eu beaucoup de temps pour nous.»

En 1978, Charles Bury a participé à la création de l'Association canadienne des journalistes, qu'il a présidée pendant 20 ans. Homme de convictions, il était un ardent défenseur de la minorité anglophone du Québec et des francophones à l'extérieur de la province.

«Mon père était le défenseur des droits linguistiques. Jamais il ne parlait au détriment des francophones, mais il voulait éviter qu'on oublie les anglophones ici. Quand la ville de Sault-Ste.-Marie, en Ontario, a voulu se déclarer unilingue anglophone, il s'est porté à la défense de la communauté francophone. Il qualifiait le projet de raciste.»

Charles Bury a voulu changer les choses jusqu'à son dernier souffle. Alors qu'il était atteint d'un cancer du foie, il a déclenché un débat sur l'usage de la marijuana en milieu hospitalier, notamment pour les soins palliatifs. Il était devenu le premier patient à consommer de la marijuana sur son lit d'hôpital pour soulager ses douleurs et son anxiété liées à la maladie. Ses prises de position ont fait les manchettes jusqu'en Angleterre.

Il laisse dans le deuil sa conjointe Catherine Campbell, ses enfants Luke (Brooke Gadapee) et Rachel (D.J. Myers), ses petits enfants Eva, Anna et Charlotte, ses petits-enfants par alliance Athena et Griffin, ainsi que la mère de ses enfants Berit Lundh et sa fille Meredith Baird. Les funérailles ont eu lieu le 15 février.