Un des cofondateurs du cabinet d'avocats De Grandpré Godin, aujourd'hui De Grandpré Chait, s'est éteint le 27 novembre. L'avocat Gilles Godin est décédé à l'âge de 85 ans.

Fils d'un arpenteur, Gilles Godin est admis au Barreau du Québec en 1949. «Il avait un sens inné du droit et de la justice», souligne Marc Desjardins, vice-président de P et R Desjardins Construction, qui a été un proche collaborateur de Me Godin durant 21 ans.

En 1966, Gilles Godin et huit de ses confrères avocats, pour la plupart formés au collège Stanislas, décident d'unir les forces de cinq bureaux pour créer un grand cabinet francophone à Montréal, se rappelle l'ancien avocat Olivier Prat, qui a passé toute sa carrière aux côtés de Me Godin.

Les 27 avocats du cabinet couvrent alors l'ensemble du droit civil et des spécialités du droit fédéral. «Les associés voulaient établir un cabinet qui, un jour, pourrait rivaliser avec les grands cabinets anglophones de Montréal, explique Marc Desjardins. Et ils y sont arrivés. Le cabinet a désormais une très bonne réputation à travers la communauté juridique du Canada.»

Comme cela se pratique à l'époque, le nom du cabinet fusionné mentionne tous les associés: Deschênes, De Grandpré, Colas, Deschênes, Godin, Coderre, Lapointe, Paquette&Lasnier. À la fin des années 80, le nom sera raccourci en De Grandpré Godin, puis De Grandpré Chait en 1999. Le cabinet compte aujourd'hui 70 avocats spécialisés en droit immobilier, en droit des affaires et en litige.

Parmi les fondateurs, Jules Deschênes a été nommé ensuite juge en chef de la Cour supérieure du Québec. Il a aussi siégé au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.

Avocat respecté, Gilles Godin aimait la littérature. «C'était un homme très cultivé, capable de réciter Cyrano de Bergerac du début à la fin, se souvient Me Desjardins. Quand il commençait à nous réciter de la littérature, il pouvait nous captiver longtemps.»

Pour autant, «Gilles n'était pas du genre à faire des envolées oratoires, précise Me Desjardins. Il marquait des points grâce à son raisonnement logique, précis et efficace».

L'expertise de Me Godin était reconnue dans le milieu bancaire. «Il a représenté la plupart des institutions financières francophones, qui se fiaient à son jugement sûr et éclairé», témoigne Alain Robichaud, associé chez De Grandpré Chait, où il a accompli ses débuts comme junior de Gilles Godin.

Me Godin excellait particulièrement en matière d'insolvabilité. «Il aidait à restructurer les entreprises en défaillance pour éviter leur liquidation», explique Alain Robichaud.

Attaché au mentorat

Gilles Godin s'est beaucoup investi dans le mentorat. «Il tenait à ce que les jeunes avocats soient très professionnels», témoigne son épouse Huguette Godin. «Sa porte était toujours ouverte», illustrent Alain Robichaud et Marc Desjardins.

«J'ai fait partie de la première fournée de stagiaires en 1966, se rappelle Marc Desjardins. Gilles nous faisait entièrement confiance. Un de mes premiers travaux a été la préparation d'un dossier pour la Cour d'appel. Quand je l'ai remis à Gilles, il m'a dit tout de suite: "Ça va, on envoie à l'imprimeur." Et on a plaidé avec!»

En avril 1994, Gilles Godin a été élu président du Club Saint-Denis, le haut lieu de l'élite canadienne-française fondé en 1874, qui a fermé ses portes en 2009.

Associé chez De Grandpré Chait jusqu'en 2002, l'avocat s'est retiré de la pratique juridique en 2005, à l'âge de 77 ans.

Gilles Godin laisse derrière lui son épouse Huguette et leurs deux filles, Caroline et Marie-Catherine. Son fils Jean-François l'avait précédé.