Pendant plus de 40 ans, il s'est consacré à la fabrication et à l'entretien du «roi des instruments». Pionnier du retour de la tradition baroque, le facteur d'orgues de réputation internationale Hellmuth Wolff s'est éteint à Laval, à l'âge de 76 ans.

Le Suisse-Allemand d'origine a réalisé une multitude d'orgues au Canada et aux États-Unis, dont celui de la salle Redpath de l'Université McGill, de même que les deux orgues de chambre de la salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal, et celui de l'église anglicane orthodoxe St John the Evangelist.

Né en septembre en 1937 à Zurich, Hellmuth Wolff est issu d'une famille de mélomanes. «Ses parents étaient des gens de simple condition, mais fous de musique. Hellmuth était protestant, et dans le culte luthérien, il y a beaucoup de chorales, de musique», raconte sa nièce Isolde Lagacé, directrice générale et artistique de la Fondation Arte Musica, à la salle Bourgie.

Hellmuth arrive au Québec à l'âge de 27 ans après avoir appris le métier auprès de plusieurs facteurs dans sa Suisse natale, mais également en Hollande, en Autriche et aux États-Unis. Au Québec, il effectue un stage chez la réputée maison Casavant Frères à Saint-Hyacinthe, et s'éprend au passage d'une Québécoise qui devient sa femme, Claudette, soeur et belle-soeur des organistes Mireille et Bernard Lagacé.

En 1968, après un séjour en Suisse, il s'installe définitivement au Québec et fonde son propre atelier à Laval, où il fabrique uniquement des orgues à traction mécanique, qu'il préfère à la traction électrique. «Il croyait à ça, c'était une sorte de retour aux sources», se rappelle John Grew, organiste et professeur à McGill, qui abrite depuis 1981 un orgue classique français signé Hellmuth Wolff.

Ce retour aux sources s'inscrit plus largement dans un renouveau, à la fin des années 50, de l'orgue plus classique inspiré des anciens instruments, et dont Hellmuth Wolff était un véritable apôtre. L'instrument mécanique lui permettait de créer avec lui un «lien intime», confie Denis Juget, qui a travaillé avec Hellmuth afin de lancer sa propre entreprise de fabrication d'orgues. «C'était un musicien avant tout. Ce qui le guidait dans son travail, c'était la recherche du son, de l'instrument».

Aujourd'hui, ses proches se souviennent d'une personne chaleureuse, qui se distinguait autant par sa discrétion que par sa grande culture - il parlait une dizaine de langues. Son ancien apprenti se rappelle d'un grand pédagogue, ouvert aux nouvelles idées tout en étant perfectionniste de nature. «Tant qu'il n'était pas satisfait, on continuait [à travailler]. Il disait: ''Un instrument, on ne le finit pas, on l'abandonne''», affirme Denis Juget.

Hellmuth Wolff laisse dans le deuil son épouse Claudette Bégin et ses enfants Martin et Maya.