Auteur prolifique, journaliste et militant, le fondateur de Passeportsanté.net, Christian Lamontagne, s'est éteint le 9 janvier chez lui, à Sutton. Il avait 63 ans.

Passionné et touche-à-tout, l'homme de mots et d'action a été un des pionniers d'un mouvement alternatif - féministe, écologiste et spirituel -, qui a émergé à la fin des années 70, et le fondateur d'une demi-douzaine de médias (blogues, sites web et revues).

Né à Québec en 1949, Christian Lamontagne entreprend des études en philosophie, qu'il interrompt pour se lancer en journalisme. Après quelques années comme collaborateur à l'Agence de presse libre, une organisation de presse alternative, il cofonde, en 1977, la revue de gauche Le temps fou. Centré notamment sur la question de l'identité féminine, le magazine publie en inséré, pendant quelques mois, la revue féministe La vie en rose, qui volera ensuite de ses propres ailes.

La santé au sens large

Intéressé par la médecine douce ou parallèle, Christian Lamontagne s'attèle, quelques années plus tard, à un nouveau projet: la création du magazine Guide Ressources (1984-1996). Il y aborde différentes facettes de la santé, dont l'émergence des thérapies alternatives et la spiritualité «Nouvel âge». Lui-même adepte du bouddhisme zen, il dit regretter le peu de place de la spiritualité dans la société contemporaine «au profit du discours des sciences de la matière, comme s'il était le seul qui soit légitime et valide».

En 1996, il quitte Guide Ressources et lance deux ans plus tard le site internet Réseau Proteus, devenu Passeportsanté.net, un portail d'informations santé et de prévention de la maladie, qui attire à son apogée jusqu'à quatre millions de visiteurs par mois. Il y écrit des chroniques jusqu'au rachat du site par le groupe français Oxygem, en 2011.

Aujourd'hui, ses proches se souviennent d'une personne énergique, curieuse, fourmillant toujours de projets. «Si quelque chose pouvait être fait, il allait le faire. Il était toujours prêt à aller au conseil municipal, à créer un comité pour étudier une question. C'était un homme très rigoureux, actif et engagé socialement», raconte son amie et ex-rédactrice en chef de Guide Ressources, Lucie Dumoulin.

Le journaliste Jacques Languirand le décrit quant à lui comme un «junzi» (gentilhomme), un «guerrier qui s'accomplit par son action dans le monde». Claire Tanguay, rédactrice en chef de Passeportsanté.net pendant 10 ans, préfère le terme «éclaireur». «Il a toujours été à l'avant-garde, à défricher», se souvient-elle.

Emporté par le cancer

À 63 ans, le cancer qu'il combattait depuis son enfance a cependant eu raison de lui. «Je suis prêt à mourir», écrit-il dans un dernier message à ses proches en décembre dernier. «Je sens avoir fait la majorité des projets qui me tenaient à coeur. J'en avais d'autres à venir, mais voilà, la vie en a décidé autrement», poursuit-il.

Christian Lamontagne publiera tout de même le mois prochain un livre à titre posthume sur la question nationale, Nation et laïcité (éditions Liber), deux ans après Responsabilité, liberté et création du monde. Il était aussi l'auteur des blogues Notes de Sutton et L'esprit neuf.

Une cérémonie en son honneur a eu lieu le 13 janvier.