Réalisateur, producteur, scénariste, directeur de la photographie, monteur, artiste d'animation. Roger Blais, mort le 9 novembre, a joué tous ces rôles et a grandement enrichi le cinéma canadien.

Né en 1917 à Giffard, M. Blais n'envisageait pas de travailler dans le monde du cinéma. Après des études à l'École des beaux-arts de Québec, il a été recruté comme peintre de guerre par l'armée canadienne, puis a exposé plusieurs de ses toiles avant de connaître une carrière cinématographique importante.

Sa rencontre avec le fondateur de l'Office national du film, John Grierson, a été révélatrice. Celui-ci l'a d'abord engagé comme artiste d'animation. Roger Blais a ensuite travaillé au sein de l'équipe francophone de la cinématographie canadienne et a été producteur exécutif du studio français de 1954 à 1957.

«Le plus important, c'est que Roger Blais est, d'une certaine façon, un vrai contemporain de l'ONF. Il y a passé une bonne partie de sa carrière, explique la directrice générale du Programme français de l'ONF du Canada, Monique Simard. C'est quelqu'un dont la vie a été exactement à l'image de celle de l'ONF».

C'est à l'ONF qu'il a réalisé un nombre impressionnant d'oeuvres dont Fridolinons (1953), Voyage royal (1951), Les moines de Saint-Benoît (1951) et Monsieur John Grierson (1973), un portrait du premier commissaire du gouvernement à la cinématographie. «On lui attribue au moins une centaine de films. Il tournait ses films à un rythme effréné», rappelle son fils Pascal, réalisateur et directeur de création.

En 1961, alors que la Nouvelle-Guinée appréhendait une guerre civile, le cinéaste s'y est rendu afin d'en retirer un témoignage visuel. Il est parti avec une équipe de tournage réduite et est revenu au pays avec le documentaire De l'âge de pierre à l'âge atomique.

Le défi de l'Expo 67

Roger Blais a été directeur de l'audiovisuel à l'Expo 67. En tant que délégué de l'ONF et appelé à représenter le gouvernement fédéral, il a été responsable de la production de 5000 films. Il a beaucoup contribué à faire reconnaître les productions francophones.

À l'Expo 67, un des défis qui se posait était celui de l'audiovisuel puisque des problèmes électroniques provoquaient des interruptions de service. Les lampes des projecteurs ne duraient que quelques heures, ce qui n'était pas suffisant pour les besoins de l'Expo. Il fallait mettre sur pied de nouvelles technologies, ce que le cinéaste a fait en contribuant au perfectionnement de lampes efficaces d'une durée de 3000 heures.

Pascal Blais rappelle que l'Expo 67 a été un grand accomplissement dans la carrière de son père. «Il a eu une vie assez incroyable. Ça pourrait être l'objet d'un film. C'est invraisemblable d'accomplir autant de métiers en une seule vie», estime-t-il.

Roger Blais a été promu officier de l'Ordre du Canada en 2000 et chevalier de l'Ordre national du Québec en 2005. Lors du 45e anniversaire de l'Expo 67 au mois d'avril, il était encore au rendez-vous, lui qui avait tant contribué au succès de cet événement.