Barbara Ann Scott, la seule Canadienne à avoir remporté une médaille d'or aux Jeux olympiques en patinage artistique, s'est éteinte dimanche.

C'est à Saint-Moritz en 1948 que Barbara Ann Scott, née à Ottawa, a gagné son titre. Après avoir été annulés en 1940 et en 1944 à cause de la Seconde Guerre mondiale, ces Jeux ont eu lieu dans un contexte économique précaire que l'athlète a vite réussi à faire oublier.

Après sa victoire olympique, elle avait dû refuser une voiture que le maire d'Ottawa lui avait offerte afin de conserver son statut d'athlète amateur. «Pour nous, c'était un symbole d'une représentation ultime du sport. Barbara Ann Scott, c'est une icône dans le monde du patinage. Tout d'abord, pour ses réussites», rappelle le président de Patinage Canada, Benoît Lavoie.

Ses exploits sont nombreux. En 1945, 1947 et 1948, elle a reçu le trophée Lou Marsh qui récompense l'athlète canadien par excellence. Elle a été intronisée au Temple de la renommée des sports amateurs du Canada en 1949, au Temple de la renommée du sport canadien en 1955, au Temple de la renommée mondiale du patinage artistique en 1979 et au Temple de la renommée du patinage artistique canadien en 1991.

M. Lavoie raconte combien la patineuse avait développé de façon précise l'aspect technique de son sport. À l'époque, les compétitions se déroulaient à l'extérieur. Pour cette femme menue, tracer des figures imposées s'avérait fort exigeant.

«Ce qu'elle a fait était exceptionnel. À 13 ans, elle réussissait déjà le double lutz, explique l'analyste sportif Alain Goldberg. Elle était une femme d'une très grande beauté. Elle était littéralement une star, un peu comme une actrice de cinéma. Tous l'acclamaient.»

Une figure inspirante

Mme Scott a marqué l'imaginaire de plusieurs. «C'est un exploit qu'elle a réalisé en 1948. Il n'y avait pas les moyens techniques qu'on a aujourd'hui. Il n'y avait pas de magnétoscope pour s'inspirer des performances. C'était comme un rêve, un mythe à l'époque», raconte Alain Goldberg.

Benoît Lavoie, qui l'a rencontrée à plusieurs reprises, parle d'une personne très simple qui a toujours été sympathique avec les jeunes patineurs qu'elle inspirait et conseillait. Elle les aimait et était facile d'approche.

Chez Patinage Canada, dont le bureau national porte son nom à Ottawa, elle a toujours eu sa place et a été la marraine de plusieurs événements. «On a toujours conservé cette relation avec elle pour lui rendre hommage. Elle est devenue un symbole vivant pour le patinage artistique», souligne Benoît Lavoie.

Personne n'a encore réussi ce que Barbara Ann Scott a réalisé. Celles qui sont arrivées le plus proche sont Petra Burka (bronze, 1964), Karen Magnussen (argent, 1972), Elizabeth Manley (argent, 1988) et Joannie Rochette qui a obtenu une médaille de bronze en 2010.

Barbara Ann Scott avait 84 ans. Elle est décédée à Amelia Island, en Floride, où elle vivait, son mari Thomas King à ses côtés.