Quand sa perte d'audition a été diagnostiquée, Simone Charbonneau a senti le besoin d'organiser la défense des droits des personnes devenues sourdes. «Au tout début, quand l'association a commencé, Simone s'était retrouvée avec un problème de surdité. Son audiologiste lui avait dit qu'une association voulait se former. C'est comme cela qu'elle s'est engagée dans le groupe», raconte Solange Ouellette, elle-même bénévole de longue date à l'ADSMQ.

Simone Charbonneau a donc participé à la fondation de l'Association des devenus sourds et malentendants du Québec (ADSMQ), dont elle sera restée une fidèle membre pendant des années. Fortement engagée dans l'amélioration de la qualité de vie des personnes malentendantes, elle s'est éteinte le 26 avril à l'âge de 95 ans.

En fondant l'association, elle s'est rapprochée de Michelle Boudreau-Quevillon, Mireille Caissy, Lucette de Tilly et Madeleine Savard, toutes quatre malentendantes. Les cinq femmes ont fondé l'ADSMQ le 12 juin 1982.

«Elles ont été des pionnières», salue Michel Nadeau, le président actuel de l'ADSMQ. L'association montréalaise était la première à se tourner vers les malentendants francophones de la province. «Il n'y avait que des malentendantes qui pouvaient fonder cette association», assure Solange Ouellette.

L'association a été créée pour sortir les personnes malentendantes de leur solitude. «Quand on reçoit le diagnostic d'une perte auditive, c'est un deuil. Les personnes ont tendance à s'isoler», affirme M. Nadeau. «Elle trouvait qu'on était isolés. Elle voulait que les gens se rassemblent», témoigne Louise Labelle, bénévole de l'association. Depuis 30 ans, l'ADSMQ oriente les personnes devenues sourdes et les malentendants vers les spécialistes appropriés à leur situation: médecin ORL, audiologiste ou audioprothésiste.

Chaleur et bonne humeur

Victimes de ce handicap invisible, les personnes malentendantes étaient accueillies par le sourire de Simone Charbonneau. «Elle était chaleureuse et toujours de bonne humeur, se remémore Solange Ouellette. Elle les encourageait. Elle était toujours disponible pour écouter, et diriger les gens vers le service dont ils avaient besoin.»

Simone Charbonneau est morte quelques semaines avant le trentième anniversaire de l'ADSMQ. Depuis sa création, l'association a vu les prothèses auditives être remboursées par la RAMQ. Des organisations jumelles ont vu le jour dans plusieurs régions du Québec. Il faut dire que les besoins sont importants: 10% de la population québécoise est touchée par des problèmes d'audition, souligne Michel Nadeau.

Au fil des années, l'organisme a étoffé ses actions. Elle propose des cours de lecture labiale, pour apprendre à lire sur les lèvres. En effet, contrairement aux personnes sourdes de naissance, celles qui deviennent sourdes plus tard ne communiquent pas par le langage des signes. Elles sont habituées au langage oral, et la lecture labiale leur permet d'améliorer leur compréhension de la discussion.

Mme Charbonneau est restée active plus de 20 années au sein de l'ADSMQ. «Il y a cinq ans, elle venait encore aux réunions et aux assemblées générales», se rappelle Solange Ouellette.

Veuve de son époux Paul-Émile Charbonneau, Simone Charbonneau laisse deux enfants et deux petits-enfants.