Alors que la majorité des villes en bordure du Lac Champlain ont été durement touchées par les inondations historiques, la petite municipalité de Saint-Armand a évité le pire. Car dès les premiers jours, le maire Réal Pelletier a écouté les prévisions alarmantes de la Sécurité publique et a érigé d'imposantes digues un peu partout sur les berges.

«On pensait que le maire était fou. Mais finalement, il a simplement été prévoyant. Il a sauvé la ville», dit Pierre Langevin, dont la maison est située à quelques mètres du Lac Champlain.

En entrevue, le maire Pelletier explique que dès le 23 avril, il a bien vu que le niveau du lac était anormalement élevé. «Ce soir-là, j'ai demandé aux pompiers d'installer une première digue pour protéger le chemin», dit-il.

Dès la semaine suivante, les prévisions météo transmises par la Sécurité civile à tous les maires de la région étaient alarmantes, selon le maire Pelletier. Il a donc décidé de visiter les riverains un par un pour les inciter à protéger leurs terrains en construisant des remblais.

«Le maire est venu et m'a dit que l'eau monterait encore de trois pieds. Je me suis installé une digue de roches, témoigne M. Langevin. Ça m'a coûté 8000$. Mais j'ai sauvé ma maison.»

La digue de M. Langevin fait plus d'un mètre de haut. Hier, les fortes vagues du Lac Champlain venaient s'y fracasser. Mais du côté de la maison, tout était sec.

«On s'est préparé mieux que les autres», résumait un pompier de passage chez M. Langevin.

Jusqu'à maintenant, aucun résident de Saint-Armand n'a été évacué. «Et seulement trois ou quatre sous-sols sont inondés», note le maire Pelletier.

Le bon travail réalisé à Saint-Armand fait beaucoup jaser dans les autres villes sinistrées. À Venise-en-Québec, plusieurs citoyens rencontrés au cours des dernières semaines se demandaient pourquoi leur ville est si touchée alors que St-Armand a prévu le coup.

Le maire de Venise-en-Québec, Jacques Landry, assure qu'il ne pouvait pas prévoir que les inondations seraient si fortes. «Et à Saint-Armand, c'est plus facile de protéger les quelques endroits exposés à l'eau. Ici à Venise, il aurait fallu faire une digue le long de toute la baie. C'est impensable», dit-il.

Le maire Pelletier refuse d'accuser ses collègues des autres municipalités de ne pas avoir écouté les signaux d'alarme de la Sécurité civile. Il se contente de féliciter ses équipes pour le bon travail. «On a pu éviter le pire», dit-il.