Le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a qualifié lundi de « problème réel » l’important taux de rejet des demandes d’étudiants francophones de pays africains qui veulent étudier au Québec.

« Je pense qu’il y a des choses à changer », a-t-il déclaré, en marge d’une conférence de presse organisée par l’école des sciences de la créativité, La Factry, pour lancer un nouveau programme visant à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants professionnels et francophones.

Le ministre Rodriguez estime qu’il faut revoir l’un des principaux motifs invoqués par les agents de l’immigration de son gouvernement pour justifier ces refus, qui est le risque que l’étudiant étranger ne retourne pas dans son pays à la fin de ses études.

C’est complètement l’inverse de ce qu’on souhaite, a-t-il affirmé. Si on prend quelqu’un qui arrive d’un autre pays, qui comprend au moins une des deux langues officielles, qui s’intègre à la société, qui est capable de réussir ses études […] et qu’après, on lui dit : va-t’en ! Je trouve que ça n’a pas de sens.

Le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez

Le taux d’acceptation des étudiants francophones africains a augmenté l’an dernier au Canada, passant de 27 % en 2021 à 41 % en 2022. Le ministre Rodriguez estime que « c’est un pas dans la bonne direction », mais que c’est « encore trop bas ». Son objectif est d’en admettre « le plus possible ». Des discussions ont lieu avec son collègue Sean Fraser, ministre de l’Immigration.

« L’avenir du Québec »

M. Rodriguez a aussi insisté sur l’importance de parler français au Québec.

« Ce que je vois ici, c’est l’avenir du Québec, c’est l’avenir du Canada, a-t-il dit, en parlant du programme de La Factry. Ce que je ne vois pas, c’est une menace pour le Québec, et ce que je ne vois pas, c’est une menace pour le Canada. Je tiens à le dire parce qu’il y a des parties de discours sur l’immigration, poussées par certains médias et par certains partis politiques, que je n’aime pas du tout. »

« Il faut cesser de parler entre le ‟nous” et le ‟vous” », a-t-il ajouté, en rappelant sa propre histoire. « Moi, je suis arrivé ici, j’avais 8 ans, je ne parlais pas un mot de français. […] Personne de ma famille ne parlait français. Est-ce que je suis une menace pour la société québécoise ou canadienne ? Je ne pense pas. Mes deux parents sont arrivés ici sans parler français. Les deux ont fait leurs études, mon père a fait son doctorat à 50 ans, et les deux ont été professeurs à l’Université de Sherbrooke. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Salle de cours de l’école des sciences de la créativité, La Factry

Le programme de formation de La Factry vise à faciliter l’intégration de plus de 375 nouveaux arrivants francophones au pays d’ici mars 2024.

Son objectif principal est d’aider les immigrants à faire valoir leurs acquis professionnels auprès des employeurs. La formation d’une durée de 60 heures est composée d’ateliers pratiques, de conférences d’experts, de coaching et d’activités de réseautage. Le fédéral a accordé un appui financier de 5,6 millions à ce programme.