Scandant « So so solidarité, avec, avec, avec les réfugiés… », des manifestants se sont réunis mercredi matin devant le bureau de circonscription de Montréal du premier ministre, Justin Trudeau, pour dénoncer la fermeture du chemin Roxham.

« Permettez-moi, M. Trudeau, de dire que d’avoir fermé le chemin Roxham est la plus mauvaise décision que vous ayez prise depuis que vous êtes premier ministre », a lancé Samira Jasmin, du réseau de justice migrante Solidarité sans frontières.

« Oui, M. Trudeau, vous avez cédé aux pressions racistes, populistes, en prenant cette décision. C’est triste parce que, malgré cette fermeture, les personnes et les familles continueront de venir en utilisant des chemins plus dangereux et moins dignes », a-t-elle ajouté.

L’évènement, organisé par Solidarité sans frontières, réunissait plusieurs organismes communautaires et sociaux. Il visait à demander la réouverture du chemin Roxham, fermé depuis le 25 mars, et l’abolition de l’Entente sur les tiers pays sûrs, signée entre le Canada et les États-Unis, qui oblige les réfugiés potentiels à demander l’asile dans le premier pays sûr où ils mettent les pieds.

La modernisation de cette entente, annoncée le 23 mars par Ottawa, a permis d’élargir son application aux passages « irréguliers » comme le chemin Roxham. L’accord désigne dorénavant les 8900 km de la frontière terrestre comme passage officiel. Les migrants qui entrent au Canada pour demander l’asile sont donc arrêtés et renvoyés aux États-Unis, sauf quelques exceptions prévues à l’entente.

« Le racisme ne profite qu’aux patrons », pouvait-on lire sur une grande banderole rouge tenue par deux manifestants. « Combattons-le par la solidarité ouvrière. »

Plus loin, un homme brandissait un carton sur lequel il avait écrit : « Dignité, oui ! ! ! C’est le problème de tout le monde ! ! ! »

Les organisateurs avaient disposé sur un banc des beignes, des brioches, des fruits et café pour les manifestants.

Dans la rue, des automobilistes klaxonnaient au passage, en guise d’appui.

Même si tout s’est déroulé dans le calme, des policiers sont intervenus pour demander à un groupe de personnes de libérer l’entrée de l’immeuble, situé au 1100, boul. Crémazie Est, afin de permettre aux employés de se frayer un passage.

« On conteste la fermeture du chemin Roxham parce que ça met en danger la vie de gens qui veulent juste améliorer leurs conditions », a expliqué François Cremer, de l’organisme La Riposte socialiste.

« Ça les pousse vers des chemins criminels, des chemins dangereux et dans les pires fonctions de travail. On veut que le chemin Roxham soit rouvert. Mais nous, on va plus loin : on réclame la libre circulation des personnes. »

Dolores Chew a pris le micro en se disant en colère. « En tant qu’humains, cette décision nous déçoit, a-t-elle dit, sous les applaudissements. Le gouvernement n’a rien à faire des centaines de personnes dont les vies sont en danger et en péril à cause de ces actions. »

Membre du collectif Soignons la justice sociale, Rachel Heap-Lalonde a ajouté : « Combien de morts devrons-nous compter avant que l’on comprenne que les frontières ne peuvent pas être fermées ? Il y aura toujours une vague humaine cherchant sécurité, réunification et futur. »

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    Nombre d’interceptions par la GRC au chemin Roxham en février.
    Gouvernement du Canada