(Ottawa) Les contribuables canadiens devront payer pour les réparations des moteurs d’au moins deux des nouveaux navires de patrouille de l’Arctique de la Marine royale canadienne.

Le sous-ministre du ministère de la Défense, Bill Matthews, a expliqué que la situation résultait de l’expiration de la garantie d’un an sur les deux navires. Il a annoncé la nouvelle lors d’une comparution devant le Comité des comptes publics de la Chambre des communes lundi, peu de temps avant que le ministère ne signale que les réparations prendraient plus de temps que prévu.

« La garantie sur les (navires de patrouille extracôtiers de l’Arctique) est d’un an après la mise en service, a précisé M. Matthews. Vous avez deux navires qui ont dépassé ce point d’un an. Donc, en lisant uniquement la garantie, ce serait à la Défense nationale de payer. »

Il s’agit d’un autre coup dur pour le système d’approvisionnement militaire en difficulté du Canada, qui a du mal à livrer de nouveaux équipements fonctionnels aux Forces armées canadiennes sans retard ni dépassements de coûts.

La Presse Canadienne a révélé la semaine dernière qu’Ottawa était également responsable des réparations des hélicoptères Cyclone de l’Aviation royale canadienne, dont l’un s’est écrasé au large de la Grèce en 2020.

Six membres des Forces armées sont morts dans l’accident.

Le gouvernement fédéral prévoit acheter huit navires de patrouille pour l’Arctique à Irving Shipbuilding, de Halifax, dont six pour la Marine et deux pour la Garde côtière canadienne.

Ottawa paie 5 milliards pour les navires de guerre et 1,6 milliard pour les navires de la Garde côtière.

Trois des navires ont été délivrés, à commencer par le NCSM Harry DeWolf en juillet 2020, que les commandants de la Marine ont présenté comme le début d’une nouvelle ère. Le NCSM Margaret Brooke a été livré en juillet 2021 et le NCSM Max Bernays en septembre 2022.

Mais M. Matthews a déclaré devant un comité parlementaire lundi qu’il reviendrait à Irving de résoudre les problèmes du troisième navire et de tous les autres, car ils sont toujours couverts par la garantie.

Il a également semblé laisser ouverte la possibilité d’essayer de récupérer une partie des coûts de réparation auprès d’Irving, affirmant qu’il souhaitait examiner de près les résultats d’une enquête technique sur les problèmes affectant les navires.

« Si vous lisez la garantie à la lettre, c’est entre nos mains, a-t-il souligné. Mais je veux jeter un œil au rapport technique. »

Les derniers problèmes sur les navires de patrouille de l’Arctique sont survenus en août, lorsque le NCSM Harry DeWolf a été contraint d’annuler un exercice d’entraînement prévu dans le Grand Nord et de rentrer chez lui à Halifax en raison d’une panne de générateur.

Une enquête technique sur les navires n’a été achevée que récemment, et des rapports préliminaires ont finalement fait état de problèmes avec les systèmes de refroidissement des moteurs et d’eau potable des navires, dont les coûts ont grimpé en flèche depuis que le premier ministre Stephen Harper a annoncé pour la première fois son intention de construire la flotte en 2007.

Négociations en cours

La porte-parole du ministère de la Défense, Jessica Lamirande, a indiqué que l’enquête complète, qui a été lancée en septembre et achevée le mois dernier, a confirmé les causes principales du problème avec le système de refroidissement du moteur.

Les responsables travaillent actuellement à résoudre les problèmes, ce qui comprendra le rinçage des quatre principaux générateurs diesel qui fournissent l’énergie et la propulsion des navires après la réparation des moteurs.

Mme Lamirande n’a pas précisé le coût des réparations, mais elle a indiqué qu’il était peu probable que le ministère de la Défense respecte son calendrier initial de remise à l’eau du NCSM Harry DeWolf et du NCSM Margaret Brooke d’ici avril.

Des réparations sont également en cours sur le système utilisé pour fournir de l’eau potable, qui présentait des niveaux élevés de plomb en raison des alliages utilisés sur certains raccords et valves. En raison de ce problème, les membres de l’équipage ont dû recevoir de l’eau en bouteille.

Des négociations sont en cours entre le gouvernement et Irving sur les coûts de ces réparations, a spécifié Mme Lamirande.

M. Matthews comparaissait devant le Comité des comptes publics alors qu’il menait des audiences sur un rapport de la vérificatrice générale de l’année dernière qui a révélé des lacunes importantes dans la capacité du Canada à surveiller et à contrôler ses eaux arctiques.

Les députés ont insisté à plusieurs reprises auprès de M. Matthews pour obtenir plus de détails sur les rapports selon lesquels la Chine aurait déployé des bouées de surveillance dans les eaux arctiques canadiennes. Il a refusé de répondre pour des raisons de sécurité nationale.

Le vérificateur général adjoint Andrew Hayes a fait savoir aux députés que le ministère de la Défense n’avait pas informé son personnel des bouées, dont l’existence est devenue publique quelques semaines seulement après qu’un ballon-espion chinois présumé a survolé l’espace aérien canadien.

M. Hayes n’a pas voulu donner de commentaires sur le ballon ou les bouées, mais a réitéré le besoin urgent de combler les lacunes dans les capacités de surveillance de l’Arctique du Canada.