(Hamilton) Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, doute qu’il soit possible d’annoncer les contours d’une nouvelle entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis pour colmater la brèche que représente le chemin Roxham lors de la visite du président américain Joe Biden en mars.

M. Fraser a ainsi minimisé les attentes au sujet d’une possible entente formelle entre Ottawa et Washington après que son homologue du Québec, Christine Fréchette, a exprimé l’espoir que ce dossier soit réglé à temps pour coïncider avec la première visite officielle de Joe Biden depuis qu’il a accédé à la présidence.

« Je m’attends à ce qu’au terme de cette rencontre, on nous annonce qu’il y a eu renégociation de cette entente-là, et que dorénavant, l’entente sur les tiers pays sûrs s’appliquera à l’ensemble de la frontière, et pas juste au point de passage officiel, ce qui est le cas actuellement. C’est une faille dans l’entente », a déclaré Mme Fréchette lundi.

L’an dernier, un nombre record de 39 171 demandeurs d’asile ont été interceptés au chemin Roxham. En décembre seulement, 4689 personnes y ont été interceptées, un sommet qui représente aussi une hausse de 26 % par rapport au mois de novembre.

Interrogé mardi avant le début de la deuxième journée de la retraite du Cabinet à Hamilton, M. Fraser a reconnu que ce dossier représente un enjeu important lié à la frontière canado-américaine. Mais il a dit ne pas s’attendre à une annonce à ce sujet durant la visite de M. Biden.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Sean Fraser

Nous continuons notre travail avec nos partenaires aux États-Unis pour finaliser l’accord sur les tiers pays sûrs. Mais je ne m’attends pas à une annonce lors de la visite du président. Mais l’effort se poursuit avec mon homologue américain pour finaliser un accord et améliorer la situation au chemin Roxham.

Sean Fraser, ministre de l’Immigration

Le ministre a affirmé qu’il s’agit d’un enjeu « important », mais qu’il y a un ensemble d’autres enjeux qui alimentent les relations canado-américaines.

En vertu de l’entente actuellement en vigueur, seuls les individus qui présentent une demande d’asile à un poste frontalier officiel sont refoulés en territoire américain.

En décembre 2021, le gouvernement Trudeau a discrètement négocié une nouvelle mouture de cette entente avec l’administration Biden à Washington qui, une fois en vigueur, lui permettrait de colmater cette brèche à la frontière.

Essentiellement, ces modifications donneraient aux autorités canadiennes le pouvoir de refouler un demandeur d’asile aux États-Unis, peu importe qu’il se présente à un point d’entrée officiel de la frontière canado-américaine pour faire cette demande ou qu’il la dépose après avoir traversé la frontière de manière irrégulière.

Or, le gouvernement Trudeau attend toujours que l’administration Biden adopte les règlements pertinents qui mettent en œuvre les changements en question. Mais l’administration Biden n’accorde pas la même priorité à ce dossier que le gouvernement Trudeau. Elle concentre l’essentiel de ses efforts à colmater la brèche de sa frontière avec le Mexique.

« Ça ne bouge pas vite à Washington », a confirmé récemment une source libérale à La Presse.