(Ottawa) Tous les fonctionnaires fédéraux qui étaient encore en télétravail ont amorcé lundi leur transition vers une formule hybride.

Le mois dernier, la présidente du Conseil du trésor, Mona Fortier, a annoncé que tous les ministères devaient ramener d’ici la fin mars leurs employés au bureau au moins deux à trois jours par semaine.

Mme Fortier, qui est députée d’Ottawa—Vanier, a ajouté que des sanctions étaient prévues pour les récalcitrants, mais qu’elles seraient décidées au cas par cas.

La ministre Fortier a affirmé que ce plan de retour au bureau était nécessaire en raison, a-t-elle dit, des incohérences dans les politiques de télétravail des différents ministères fédéraux.

Elle n’a pas précisé quelles étaient ces incohérences ni indiqué si le gouvernement fédéral disposait de données pour les démontrer. Elle a seulement soutenu que la formule hybride était guidée par les principes de justice et d’équité.

Le président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Chris Aylward, a souligné que les syndiqués sont prêts à retourner au bureau si on leur explique clairement pourquoi cette mesure est nécessaire.

« Nos membres sont dans la confusion la plus totale », a déploré M. Aylward, dont le syndicat représente 165 000 employés fédéraux.

Le président du syndicat a rapporté que plusieurs membres lui ont fait part de leurs difficultés à obtenir des services de garde pour les enfants et de leur réticence à passer plusieurs heures par jour dans les transports, alors qu’ils peuvent tout à fait accomplir leurs tâches de manière productive à la maison.

M. Aylward a donc demandé au gouvernement fédéral de venir à la table de négociation pour que le dossier du travail hybride ou du télétravail soit inclus dans la convention collective.

Le syndicat est d’ailleurs en négociation actuellement avec le Conseil du Trésor.

Réactions mitigées

YuTaek Hwang travaille à distance depuis près de trois ans dans la fonction publique fédérale. Même si le protocole de retour au bureau s’est mis en branle lundi, il ne sait toujours pas quand il doit se présenter sur place.

« On a reçu un courriel dans lequel les patrons disaient qu’ils voulaient que les gens reviennent au bureau deux à trois fois par semaine, mais nous n’avons pas eu de détails depuis », a-t-il mentionné.

M. Hwang n’est pas le seul fonctionnaire à s’inquiéter du manque de communication dans l’opération visant à faire revenir les fonctionnaires au centre-ville.

Kari Glynes Elliott travaille en personne au bureau une à deux fois par semaine depuis qu’elle a commencé à travailler pour un ministère, plus tôt ce mois-ci.

Son département utilise un système de bureau « d’hôtel », où les fonctionnaires réservent une place en ligne, mais n’ont pas de poste de travail permanent.

Mme Glynes Elliot souligne qu’elle souvent entourée de personnes qui ne font pas partie de son équipe, ce qui rend difficile la collaboration entre collègues.

« On s’assoit avec des gens qu’on ne connaît pas. On n’a aucune idée d’où nos collègues se trouvent, donc on ne peut même pas s’asseoir au même étage », a dénoncé Mme Glynes Elliot.

Déboires du transport en commun

Le retour au travail survient à un moment où le transport en commun dans la région d’Ottawa, où le gouvernement fédéral a la majorité de ses bureaux, est mis à rude épreuve. Une tempête de verglas qui a frappé la région le 4 janvier a entraîné la fermeture partielle du système de transport léger sur rail (TLR) de la ville pendant six jours.

Certains fonctionnaires ont exprimé sur les réseaux sociaux leur frustration face à cette situation, signalant que la politique de retour au bureau est un fardeau pour les personnes ayant de longs trajets à effectuer pour aller travailler.

Marty Carr, conseillère municipale d’Ottawa, milite depuis longtemps pour un meilleur transport en commun dans la ville.

Toutefois, elle a reconnu que les travailleurs sont confrontés à des enjeux de temps et de coût. Plusieurs se demanderont notamment s’il vaut la peine d’acheter une passe mensuelle de transport en commun, alors qu’ils n’auront besoin d’être au bureau que deux ou trois jours par semaine.

« Je suis vraiment inquiète que de plus en plus de fonctionnaires fédéraux prennent la décision de venir travailler en voiture et de ne pas utiliser notre système de transport en commun », a affirmé Mme Carr.