(Tokyo) Le premier ministre Justin Trudeau était en route vendredi vers l’Asie du Sud-Est, pour une série de sommets et de rencontres visant à renforcer la présence du Canada dans la « région indo-pacifique ».

Le cabinet du premier ministre indique que ses principaux objectifs incluent l’économie, comme les problèmes d’inflation et de chaînes d’approvisionnement, le soutien à l’Ukraine et l’environnement.

M. Trudeau participera d’abord au sommet des dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dans la capitale cambodgienne. Il devait arriver à Phnom Penh peu après minuit samedi, heure d’Ottawa. Le premier ministre participera samedi, avec d’autres chefs d’État et de gouvernement, à une commémoration d’une heure des 45 ans de liens du Canada avec le bloc de l’ASEAN. Ce bloc de 10 pays, qui connaît l’une des croissances économiques les plus rapides de la planète, a entamé l’an dernier des négociations commerciales officielles avec le Canada.

Wayne Farmer, directeur du Conseil commercial Canada-ASEAN, estime que ce début de négociations confère à Ottawa un avantage alors que de nombreux pays tentent de resserrer leurs liens dans cette région. « Le fait que nous soyons présents est bon et important, et ça envoie un signal que nous nous intéressons à la région », a estimé M. Farmer.

Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Après un discours cette semaine dévoilant une partie de la prochaine « stratégie indo-pacifique », la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a admis que des diplomates lui avaient confié que « le Canada n’était pas toujours un partenaire fiable » dans la région. « Parfois, nous nous présentons, puis nous partons, et puis nous revenons. Ça ne peut pas aller comme ça », a admis Mme Joly lors d’une séance de questions-réponses, mercredi.

Au sommet de l’ASEAN, M. Trudeau doit assister à une discussion sur le rôle des femmes dans la paix et la sécurité. Il visitera probablement aussi le musée du génocide de Tuol Sleng, dans ce qui était autrefois une prison sous le régime des Khmers rouges.

Sommet du G20 à Bali

Lundi, le premier ministre doit se rendre en Indonésie pour le sommet du G20, à Bali. Il fait partie des dirigeants des pays riches qui pressent leurs pairs des pays en développement d’isoler davantage le président russe Vladimir Poutine pour son invasion de l’Ukraine.

« Il est clair que sa guerre barbare met en péril notre reprise économique pandémique, amplifie la crise mondiale de l’inflation et aggrave la crise alimentaire et énergétique mondiale », a écrit M. Trudeau dans une publication pour le groupe de recherche du G20 à l’Université de Toronto.

D’autres pays du G20, comme l’Inde, la Chine, le Cambodge et la Thaïlande, se sont abstenus lors des votes de résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant la Russie.

L’Indonésie, hôte du sommet du G20 cette année, a souligné l’importance de se concentrer sur le consensus plutôt que sur la division. Il a demandé aux dirigeants de se concentrer sur le renforcement des systèmes de santé, de la sécurité alimentaire et de l’approvisionnement énergétique.

John Kirton, qui dirige le groupe de recherche du G20, rappelle qu’il est difficile de séparer ces problèmes de la pression que l’invasion russe exerce sur les systèmes mondiaux. Alors que l’Occident fait pression pour isoler la Russie et que les pays en développement cherchent de l’aide pour se remettre de la pandémie, M. Kirton croit que ce sommet du G20 sera confronté à de graves défis.

Le président Poutine ne participera pas au sommet de Bali, qui prévoit par ailleurs la première rencontre entre le président américain, Joe Biden, et le président chinois, Xi Jinping, en tant que chefs d’État.

Après le G20, M. Trudeau fera une brève escale à Bangkok, en Thaïlande, pour rencontrer les dirigeants du Forum de coopération économique Asie-Pacifique. Ce sommet de l’APEC est axé sur la suppression des barrières commerciales des deux côtés de l’océan Pacifique, ainsi que sur le changement climatique.

M. Kirton croit que d’autres pays feront pression sur les États-Unis pour qu’ils élargissent les politiques récentes qui offrent des crédits d’impôt pour l’achat de véhicules électriques fabriqués en Amérique du Nord — une mesure qui profite au Canada, mais pas au Japon ou à la Corée du Sud.

La Francophonie

M. Trudeau se rendra ensuite en Tunisie pour le Sommet de la Francophonie, une organisation qui comprend plusieurs pays d’Afrique. Le premier ministre du Québec, François Legault, participera à ce sommet en compagnie de sa nouvelle ministre des Relations internationales, Martine Biron.

Le premier ministre Trudeau participera à des tables rondes sur la connectivité numérique ainsi que sur le rôle des femmes et des jeunes. Mais la politique pourrait éclipser l’ordre du jour de ce 18e sommet, à Djerba les 19 et 20 novembre, le Canada ayant soulevé des inquiétudes au sujet des mesures antidémocratiques du gouvernement tunisien.

Il y a quelques semaines à peine, M. Trudeau a déclaré qu’il n’était pas sûr d’assister au sommet et il n’a pas démenti les informations selon lesquelles le Canada aurait fait pression pour qu’il soit transféré dans un autre pays.

Chaque sommet impliquera des rencontres bilatérales entre M. Trudeau et des dirigeants mondiaux. Son cabinet a confirmé l’intention du premier ministre de rencontrer pour la première fois en personne au G20 deux de ses nouveaux homologues, le Britannique Rishi Sunak et l’Italienne Giorgia Meloni.

La ministre du Commerce international et de la Promotion des exportations, Mary Ng, accompagne M. Trudeau pour la partie Asie du Sud-Est de ce voyage officiel de 10 jours. La ministre Joly, par contre, sautera la réunion de l’APEC en Thaïlande afin de préparer le terrain pour la visite de M. Trudeau au sommet de la Francophonie.