(Ottawa) Le Canada ouvre plus que jamais ses portes à l’immigration. En 2025, le gouvernement Trudeau compte accueillir 500 000 nouveaux arrivants dans l’espoir de pourvoir les nombreux postes vacants au pays.

En 2023 et en 2024, les seuils d’immigration seront de 465 000 et 485 000 nouveaux arrivants, a précisé le ministre de l’Immigration, Sean Fraser.

Résultat : le gouvernement Trudeau prévoit que près de 1,5 million d’immigrants viendront s’établir au Canada au cours des trois prochaines années. En 2022, le ministre Fraser estime que 430 000 immigrants auront été acceptés au pays.

« Le Canada a besoin de plus de gens. Nous sommes une nation qui s’est bâtie grâce à l’immigration », a déclaré le ministre, qui a fait cette annonce à Toronto dans un centre de formation de métiers.

L’immigration est non seulement une bonne politique pour notre économie, c’est aussi essentiel. Nous avons un million d’emplois vacants à l’heure actuelle. C’est le contexte économique dans lequel nous nous retrouvons aujourd’hui.

Sean Fraser, ministre de l’Immigration

Le ministre a indiqué que le Canada entend redoubler d’efforts pour attirer des immigrants capables de pourvoir les nombreux postes vacants, notamment dans les secteurs tels que la construction et la santé, entre autres. Il prévoit qu’un peu plus de 60 % des admissions seront dans la catégorie de l’immigration économique d’ici 2025.

Pendant que le gouvernement fédéral ouvre davantage ses portes aux nouveaux arrivants, le gouvernement Legault compte limiter à 50 000 le nombre d’immigrants qui pourront s’établir au Québec. Un tel écart entre les deux seuils risque d’accélérer la chute du poids démographique du Québec au sein de la fédération canadienne.

Québec maintient le cap

La nouvelle ministre de l’Immigration du gouvernement Legault, Christine Fréchette, a réagi à l’annonce de son homologue fédéral.

« Nous prenons acte des seuils d’immigration présentés par le fédéral. Nous réaffirmons que c’est au Québec de déterminer ses cibles d’immigration permanente. Le seuil annuel au Québec est de 50 000 afin de respecter notre capacité d’accueil, de francisation et d’intégration », a-t-elle déclaré sur son compte Twitter.

Mais le Conseil du patronat du Québec (CPQ), qui presse le gouvernement Legault de revoir à la hausse ses cibles afin de s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre dans la province, a soutenu que les entreprises québécoises risquaient d’être pénalisées si Québec ne refait pas ses devoirs.

« Avec ses nouvelles cibles, le gouvernement fédéral reconnaît qu’on doit faire une plus grande place à l’immigration dans les prochaines années dans le contexte de rareté de main-d’œuvre. Alors que toutes les autres provinces vont en profiter, Québec doit davantage considérer cette avenue pour s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre », a soutenu Denis Hamel, vice-président, Politiques de développement de la main-d’œuvre au CPQ.

Une révision des seuils du côté de Québec signifierait aussi qu’on peut ralentir la baisse de notre poids démographique dans le Canada.

Denis Hamel, vice-président, Politiques de développement de la main-d’œuvre au CPQ

En conférence de presse, le ministre Fraser a indiqué que le gouvernement fédéral entendait déployer les efforts qui s’imposent afin d’augmenter l’immigration francophone pour stopper le déclin de la langue française au pays. Il a indiqué que le Québec a les pouvoirs de choisir une grande partie des immigrants qui s’installent sur son territoire.

« Le rôle du gouvernement fédéral est différent de celui du Québec pour l’immigration au Québec. Mais pour les communautés francophones hors Québec, il est essentiel pour le gouvernement fédéral d’augmenter les nouveaux arrivants francophones. C’est essentiel pour les communautés francophones de voir un avenir pour notre pays, qui comprend un poids démographique qui augmente et ne baisse pas. Maintenant, nous travaillons pour créer une stratégie nationale d’immigration francophone. Il faut protéger la langue française. Le Canada est un pays avec deux langues officielles », a-t-il affirmé, en français.

Le fédéral s’engage à s’assurer qu’au moins 4,4 % des nouveaux résidents permanents hors Québec soient francophones.

Recommandations

La cible de 500 000 immigrants que fixe le ministre Fraser est plus du double de nouveaux arrivants que le Canada a accueilli en 2014, quand 240 000 immigrants se sont installés au pays. Elle correspond d’ailleurs à l’une des recommandations faites par le Conseil consultatif en matière de croissance économique mis sur pied par l’ancien ministre des Finances Bill Morneau. Dans un rapport publié en octobre 2016, le Conseil recommandait au gouvernement Trudeau de recevoir 450 000 immigrants par année d’ici 2021 pour relancer l’économie.

La semaine dernière, Statistique Canada a révélé que les immigrants représentaient aujourd’hui 23 % de la population canadienne. Il s’agit de la plus forte proportion depuis la Confédération et de la part la plus élevée parmi les pays du G7.

Si ces tendances se maintiennent, les immigrants pourraient représenter de 29,1 % à 34 % de la population du Canada d’ici 2041.

« En 2021, plus de 8,3 millions de personnes, soit près du quart (23 %) de la population, étaient ou avaient déjà été des immigrants reçus ou des résidents permanents au Canada », a indiqué l’agence nationale de statistiques.

Étant donné le vieillissement de la population canadienne et le faible taux de reproduction, l’immigration est le principal moteur de la croissance démographique au pays. D’ailleurs, le vieillissement de la population signifie que le ratio travailleurs-retraités, qui était de 7 pour 1 il y a 50 ans, devrait s’établir à 2 pour 1 d’ici 2035.