Les Forces armées canadiennes nient avoir fourni un obus ultraprécis et redoutable à l’Ukraine, capable de pulvériser une cible comme un officier de haut rang russe à des dizaines de kilomètres.

Plusieurs médias ont pourtant rapporté que le Canada avait fourni des obus Excalibur à l’Ukraine. CBC citait une source militaire en ce sens en avril. Le journal français Le Monde l’écrivait il y a quelques jours à peine.

Mais contrairement aux États-Unis, le Canada assure n’avoir donné à Kyiv aucun de ses précieux Excalibur, qui ramassent la poussière depuis la fin du déploiement canadien en Afghanistan.

« Nous pouvons confirmer que le ministère de la Défense et les Forces armées canadiennes n’ont pas fait don de munitions de la variante Excalibur de 155 mm à l’Ukraine », a indiqué Jessica Lamirande, porte-parole de la Défense nationale.

Le Pentagone a quant à lui confirmé début octobre l’envoi de 500 obus Excalibur en Ukraine. Kyiv réclame depuis des mois cet obus muni d’un système de guidage par GPS.

Ultraprécis, il est compatible avec les canons de 155 mm comme le M777 fourni par le Canada à l’Ukraine. Il permet de frapper beaucoup plus loin que les obus ordinaires — soit 40 km au lieu d’une vingtaine – avec une précision chirurgicale. Une fois l’obus tiré, un système de guidage interne permet de modifier sa trajectoire au besoin.

C’est un Excalibur américain qui avait tué en 2007 en Irak un leader d’Al-Qaïda, Abu Jurah, et 14 autres insurgés.

« Un Excalibur permet à un obusier M777 de détruire un char, ou un autre canon ou un groupe de soldats russes avec un seul coup, alors qu’avec de l’artillerie conventionnelle il faut habituellement tirer plusieurs coups », explique en entrevue Andrew Leslie, ancien chef d’état-major de l’armée canadienne.

Ces obus hyperperformants sont relativement dispendieux, à environ 150 000 $ pièce, mais coûtent moins cher que plusieurs missiles.

« L’Excalibur est assez coûteux, mais vous allez détruire des équipements qui valent beaucoup plus que l’obus. Ensuite, votre obusier n’a pas besoin de tirer autant de coups et n’a pas à changer de position aussi rapidement », ajoute Andrew Leslie, qui était lui-même artilleur dans l’armée.

Ces Excalibur permettent donc de transformer les obusiers M777 canadiens envoyés en Ukraine en véritables fusils de sniper géants.

« Mon avis personnel, c’est que c’est exactement ce dont les Ukrainiens ont besoin », note pour sa part Ryan Noordally, sous-officier dans la Royal Artillery britannique et observateur avisé du duel d’artillerie sur le front ukrainien.

« Dans une guerre conventionnelle, où la masse joue un rôle, et l’attrition a une incidence sur l’issue potentielle du conflit, cette combinaison de précision, de bas coût et de facilité de production est très attractive pour l’Ukraine », ajoute-t-il dans un courriel envoyé à La Presse.

Le Canada avait acquis ses Excalibur dans le cadre du conflit afghan. La Défense nationale n’était pas en mesure de dire combien de ces obus elle a encore en sa possession. « Ce n’est pas un nombre que nous avons facilement disponible, donc ça pourrait prendre un certain temps à retrouver », note Jessica Lamirande.

La porte-parole indique que la décision de ne pas envoyer d’Excalibur en Ukraine a été prise « en tenant compte des besoins opérationnels des Forces armées canadiennes ».

« Nous travaillons en étroite collaboration avec nos alliés depuis le tout début de ce conflit, afin de coordonner nos ressources et de fournir autant d’équipements et d’autres fournitures que possible à l’Ukraine », ajoute Mme Lamirande.