(Ottawa) La Marine royale canadienne a commencé à déployer des marins moins expérimentés sur les opérations et à éliminer complètement certains postes alors qu’elle est aux prises avec une pénurie de personnel sans précédent.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, le commandant de la marine, le vice-amiral Angus Topshee, a déclaré qu’environ 17 % des postes de la marine étaient vacants. Cela équivaut à environ 1400 marins, dont la Marine royale canadienne a besoin pour atteindre son effectif complet.

« Une crise est probablement le bon mot pour décrire les pénuries actuelles dans les équipages et le personnel à travers la marine, a déclaré M. Topshee. Nous avons besoin de plus de monde. Nous en avons besoin aussi vite que possible. »

Le manque à gagner survient au milieu d’une crise de recrutement dans les Forces armées canadiennes, les responsables ayant récemment admis que le nombre de candidats qui se présentent chaque mois représente environ la moitié de ce dont l’armée a besoin pour atteindre ses objectifs cette année.

Cela équivaut à des milliers de postes vacants dans l’ensemble des Forces armées à un moment où elles sont censées se développer pour répondre à la demande accrue au pays et à l’étranger.

Tandis que M. Topshee a souligné l’importance de faire venir une nouvelle génération de marins, il y a un problème particulier en ce qui concerne la pénurie de personnel plus expérimenté comme les sous-officiers, les capitaines de frégates et les capitaines de corvettes.

Ce personnel remplit non seulement des rôles clés à bord des navires de guerre canadiens, mais est également essentiel à la formation de nouvelles recrues.

« Quand vous êtes à court de professeurs, que faites-vous ? Vous augmentez la taille des groupes, a souligné M. Topshee. Nous avons donc augmenté la taille des groupes. Qu’est-ce que ça fait ? Cela diminue la qualité de l’éducation à tous les niveaux. Mais nous prenons le risque. »

De plus, M. Topshee a déclaré que de nouveaux marins sont déployés sur des opérations avec moins d’expérience et de formation que ce qui serait autrement idéal. L’espoir est que l’expérience supplémentaire en mer compensera toute lacune de leur formation en classe.

« Nous avons de très bonnes équipes de commandement et nous comptons sur les équipes de commandement pour fournir l’expérience et le mentorat nécessaires pour guider les plus juniors », a affirmé M. Topshee, qui a pris ses fonctions de commandant de la marine en mai.

Organisation du travail

La crise de la marine est très similaire aux défis auxquels l’Aviation royale canadienne a dû faire face pour avoir suffisamment de pilotes expérimentés pour enseigner en classe et mener des missions dans les airs.

Cela amène également la Marine royale à examiner de près la façon dont l’organisation traite ses marins, ainsi qu’à évaluer quels emplois sont essentiels aux opérations de la marine et lesquels ne le sont pas.

M. Topshee a récemment annoncé que la Marine royale canadienne éliminait le groupe professionnel militaire des stewards, dont le rôle principal est de servir les officiers et de fournir un soutien logistique sur les navires de guerre, et le commandant a indiqué que d’autres changements de ce type pourraient suivre.

La marine envisage également de changer la façon dont elle affecte les équipages aux navires pour éviter l’épuisement et le stress supplémentaires, en particulier lorsqu’il s’agit de déploiements à court terme tels que les essais en mer et les tests qui, selon M. Topshee, sont souvent très perturbateurs pour les horaires des marins.

Inconduites

Le déficit actuel coïncide également avec un effort marqué des commandants des Forces armées – y compris M. Topshee – pour changer la culture de l’armée afin de la rendre plus attrayante en tant que lieu de travail, dans l’espoir d’augmenter les taux de recrutement et de rétention.

La marine a connu des difficultés ces derniers mois avec le remplacement de plusieurs commandants de navires en raison d’enquêtes ou de plaintes concernant leur conduite.

Alors que la marine a essayé de mieux évaluer les officiers en termes de conduite avant de les affecter à des rôles de leadership clés, « la triste réalité est qu’aucun système n’est parfait », a déclaré M. Topshee.

Il a néanmoins suggéré que la vague de remplacements récents était une indication d’une plus faible tolérance aux comportements inappropriés, d’une plus grande volonté de signaler de tels actes et d’une plus grande transparence.