(Ottawa) Le comité des transports de la Chambre des communes enquêtera sur les longs retards dans les aéroports et les annulations de vols des transporteurs.

Les membres du comité ont tenu lundi après-midi une réunion d’urgence, en mode virtuel, et ont voté à l’unanimité pour se pencher sur ces retards et ces annulations. Le comité convoquera notamment le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, et tiendra sa première audience d’ici la fin de la semaine prochaine.

Les compagnies aériennes et les aéroports ont été aux prises cet été avec une augmentation des voyages, aggravée par des pénuries de personnel qui affectent à la fois les transporteurs et les agences fédérales qui s’occupent notamment de la sécurité et des douanes.

Cet alignement particulier de facteurs a entraîné l’annulation de nombreux vols, des retards dans la récupération des bagages et de longues files d’attente dans les aérogares. L’aéroport international Pearson de Toronto, le plus achalandé du pays, a été aussi le plus durement touché par ces ennuis.

John Gradek, directeur du programme de gestion de l’aviation à l’Université McGill, explique que les compagnies aériennes ont augmenté considérablement leurs offres de vols à mesure que la demande reprenait, mais qu’elles n’ont pas été conscientes de leurs propres pénuries de main-d’œuvre pour y répondre.

Les compagnies aériennes avaient mis à pied des travailleurs au début de la pandémie, et elles ont eu du mal ensuite à réembaucher suffisamment d’employés pour répondre à la demande.

Selon le professeur Gradek, les compagnies aériennes ont voulu rapidement profiter le plus possible de la manne sans vraiment comprendre quel en serait l’impact sur la capacité de l’infrastructure et des écosystèmes aéroportuaires au pays.

Si les aéroports avaient pu freiner

M. Gradek croit que les aéroports canadiens sont eux aussi un peu responsables des retards, car ils n’ont pas pu limiter le nombre de vols qui correspondrait à leurs capacités – en partie parce qu’ils n’ont pas le pouvoir d’ordonner aux transporteurs de réduire le nombre de leurs vols.

La semaine dernière, la PDG de l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto a déclaré que les retards étaient maintenant moins nombreux. Mais elle n’a pris aucun engagement spécifique et n’a pas voulu prédire à quel moment les temps d’attente pourraient être réduits à l’avenir.

D’autres aéroports dans le monde ont obligé les compagnies aériennes à réduire le nombre de leurs vols. L’aéroport britannique d’Heathrow a ainsi ordonné aux compagnies aériennes de cesser de vendre des billets pour les vols de cet été, et il a imposé un plafond au nombre de passagers par jour.

« Les compagnies aériennes ne veulent pas réduire leur offre, pour ne pas perdre leurs parts de marché », explique le professeur Gradek. Il a hâte de voir ce que proposera le comité parlementaire pour garantir que les perturbations dans les aéroports seraient limitées la prochaine fois. Les initiatives volontaires et à l’amiable pour résoudre le problème ne fonctionnent pas, a-t-il dit, alors « nous avons besoin d’une certaine coercition ».

Air Canada a annoncé en juin qu’elle réduirait de plus de 15 % son offre en juillet et en août, soit plus de 9500 vols, en raison d’un système de transport aérien tendu. Pendant ce temps, WestJet a déclaré avoir supprimé « de façon proactive » des vols à Pearson, anticipant la grogne estivale.

Transports Canada affirme de son côté que le gouvernement fédéral et l’industrie travaillent de concert pour améliorer la situation, notamment en rencontrant les différents acteurs, en embauchant du personnel et en améliorant l’application en ligne « ArriveCAN » pour la déclaration sanitaire.

Air Canada est aussi critiquée pour avoir refusé d’indemniser les passagers lésés par des vols annulés. Le transporteur plaide que ces annulations sont liées à des enjeux de sécurité, eux-mêmes dus à des pénuries de personnel découlant de la pandémie. Or, les compagnies aériennes n’ont pas à verser d’indemnités si le vol est annulé pour des raisons de sécurité.